Le Président-candidat s'est adressé aux présents avec des mots conciliants, allant jusqu'à rendre hommage, pour la première fois, aux jeunes martyrs du Printemps noir. Le candidat Bouteflika a qualifié son meeting de Béjaïa de rencontre historique dans la vie de l'Algérie contemporaine. En fait, c'était une première occasion de se réconcilier avec la Basse-Kabylie. Et le courant est passé entre une foule qui l'a attendu depuis le matin et une assistance qu'on croyait réticente. L'accueil passé, le candidat donnera la réplique à travers “sa conviction”. “Je ne vois pas Béjaïa sans l'Algérie, ni l'Algérie sans Béjaïa”, dit-il. Il évoquera également les moments difficiles que la wilaya a vécus, notamment les jeunes martyrs du Printemps noir auxquels il a rendu hommage. Ovations, youyous et slogans “Imazighen” fusent de l'assistance. L'atmosphère s'est vite détendue le poussant à dire qu'“il est parmi les siens”, à Béjaïa, “parmi les citoyens libres qui aiment leur pays”. La particularité de la région n'a pas échappé au candidat Bouteflika qui a réussi à “décomplexer” la question identitaire. “Ne croyez pas que vous êtes plus amazighs que les autres. D'Est à l'Ouest et du Nord au Sud, les Algériens sont amazighs”, rétorqua-t-il en précisant que “comme Berbère et comme musulman et comme Arabe, on meurt pour l'Algérie”. Comme cette journée est placée sous le signe de la femme, Bouteflika ne s'attardera pas sur la question, mais a été nettement précis. Il a insisté sur l'aspect “mentalité” à changer, estimant que “la société doit s'adapter aux nouvelles générations”. Il a également exclu l'idée d'un soutien à la femme, a-t-il déclaré, elle a besoin d'un accompagnement. Et de rappeler la nouvelle disposition constitutionnelle relative à la femme et la place qu'elle aura au sein de l'administration, des instances élues et des partis politiques. Toutefois, a-t-il souligné, le problème de cette région ne réside pas uniquement dans la question de la femme. “Il y a le problème des jeunes, des étudiants, des travailleurs, des chômeurs, le problème de logement, de l'eau, du gaz, des routes…”, a-t-il énuméré, avant d'annoncer que la wilaya va bénéficier d'un programme spécial. “Le programme spécial existe, le budget est là, les entreprises aussi”, dit-il, avant de demander un peu de patience. Mais cela reste une parole de candidat. “Aujourd'hui, je n'ai pas d'autorité, c'est moi qui ai besoin de vous. Je suis candidat”, dit-il. Il invite les citoyens de Béjaïa à contribuer à “cette Algérie forte, sereine et digne”. Sur un ton plus solennel, il lancera à l'assistance : “Cette Algérie vous attend. Vous vous êtes un peu absentés d'elle. Nous vous avons beaucoup attendus, vous nous en voulez un peu (cheneftou aâlina).” Il s'est, par ailleurs, engagé sur une nouvelle page avec la région. “Maintenant, nous devons écrire une nouvelle page. Je m'y engage”, dit-il. Parler le même langage, la langue du patriotisme pour construire le pays. Ainsi, a-t-il expliqué, la réconciliation nationale qui est avant tout “une réconciliation avec soi”. Au bout, la stabilité politique qui implique la participation libre aux élections locales, législatives et nationale. Même s'il n'invite pas directement à voter pour lui en proposant de “choisir le meilleur, celui qui correspond à vos rêves”, le candidat Bouteflika donnera des indications sur ses objectifs : veiller à la prospérité de l'Algérie, de la région. “L'Algérie a besoin d'un pouvoir fort, de stabilité, de paix, de sécurité et de développement”, dit-il, avant de demander “fraternellement” aux citoyens d'aller voter le 9 avril. Il a enfin promis de revenir à Béjaïa quel que soit le résultat du scrutin. “Si j'échoue, je viendrai immédiatement, si je gagne, Béjaïa sera parmi les priorités”, dit-il. Il s'est par la suite rendu à Jijel pour un long bain de foule. Une foule “cosmopolite” avec des troupes folkloriques représentant toutes les régions du pays. Djilali Benyoub