«Du poste où j'étais jusqu'à présent je ne sais pas qui, d'un côté ou d'un autre, a provoqué cette tragédie nationale», a-t-il dit à propos des événements de Kabylie. «Avec l'accueil que vous m'avez réservé aujourd'hui, je peux mourir tranquillement», a clairement avoué le candidat Abdelaziz Bouteflika, reçu avec faste par la population de Tizi Ouzou. S'exprimant lors d'une rencontre de proximité tenue à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, le candidat, le sourire en coin, a donné libre cours à ses impressions: «Je ne suis pas venu particulièrement vous faire un discours mais pour vous rencontrer». Emu et même surpris par l'accueil chaleureux, l'hôte du Djurdjura a qualifié la rencontre d'hier d'historique. «L'accueil que vous m'avez réservé est digne de Tizi et du fier Djurdjura», a-t-il encore réitéré en saluant la population. «Vous m'avez rechargé les batteries elles étaient un peu vides», s'adressant à l'assistance de plus de 200 personnes qui l'acclamait sans cesse. «Assa azeka Bouteflika yella yella». Soulagé et réconforté par l'appui de la population, M.Bouteflika a ajouté avec enthousiasme: «Je peux aller dans les autres wilayas et leur dire que l'Algérie se porte bien». Dans son discours, le candidat a, en préambule, précisé: «Je n'ai jamais imaginé l'Algérie sans la Kabylie pas plus que la Kabylie sans l'Algérie.» Une déclaration qui a plongé la salle dans une ambiance euphorique. L'assistance au complet s'est levée pour applaudir le candidat. Des youyous et des slogans de soutien fusaient de partout. «Le patriote que je suis ne peux imaginer, un seul instant, que l'on puisse discuter en Algérie de l'unité nationale et de l'indivisibilité du pays», a-t-il clamé. Revenant sur les événements du Printemps noir qu'a connus la Kabylie, le candidat à sa propre succession s'est incliné à la mémoire des martyrs. «Je vais vous dire qu'au nom du peuple entier que les Algériens les pleurent». Et de relevé en toute sincérité: «Du poste où j'étais jusqu'à présent je ne sais pas qui, d'un côté ou d'un autre, a provoqué cette tragédie nationale.» Voulant appuyer ses propos, le candidat a tenu à préciser devant l'assistance: «Je suis un authentique Amazigh quand je sais quelque chose je le dis en toute franchise». Et de renchérir: «Je n'ai jamais frappé quelqu'un derrière le dos». Le candidat a insisté, dans son discours, sur la paix et la sécurité pour assurer le «développement continu» du pays. «Il est tout à fait clair que pour progresser, il faut garantir la paix, la sécurité et la stabilité», a affirmé M.Bouteflika. «Nous devons, avec vous, lancer un appel fraternel à ceux qui continuent à endeuiller le pays par le terrorisme pour dire que nous ne leur portons aucune haine ni rancune dans le cas où ils décidaient de rejoindre la communauté nationale», a-t-il tenu à préciser. Cependant, il a expliqué que «le peuple, les partisans, l'Armée nationale populaire et les services de sécurité sont là pour répondre aux terroristes car, a-t-il dit, il s'agit pour nous tous d'une question de vie ou de mort». En d'autres termes, le candidat persiste et signe: «Nous ne pouvons vivre, en aucune manière, dans l'insécurité, le terrorisme et la peur.» Il a précisé, dans ce sens, que par le passé le peuple «n'a pas abdiqué durant 130 ans de colonialisme». Abordant la question de la présidentielle, le candidat a invité la population à exprimer en toute liberté son choix. «Si vous voyez que le programme appliqué est convaincant vous optez pour la continuité, si vous voyez qu'il n'est pas convaincant vous changez de cap», a-t-il sereinement déclaré. M.Bouteflika a rendu hommage particulièrement à Louisa Hanoune pour le travail qu'elle mène en tant que femme. Cependant, il a tenu à lui répondre sur le modèle du socialisme qu'elle plaide. «Nous sommes tous des enfants du socialisme mais le monde a changé et nous ne vivons pas dans une île», a-t-il précisé en expliquant que l'ouverture sur le monde est inéluctable. Par ailleurs, et avant le meeting, le candidat a parcouru l'avenue principale menant au siège de la wilaya. La population en liesse a réservé un accueil particulier à son hôte. Troupes folkloriques, baroud, youyous ont fait vibrer la ville des Genêts. Jeunes, vieux, femmes et même des enfants sont venus en force à la rencontre du candidat. Banderoles à la main, ces jeunes étaient au rendez-vous en cette matinée de week-end. «Tahia Errais, vive Bouteflika», «nous voterons pour Bouteflika et pour l'Algérie», scandaient les jeunes. En effet, la fiesta a bien commencé. Jeudi dernier, la ville dégageait une ambiance de fête. En plus des portraits géants collés un peu partout, des chants en faveur du candidat emplissaient toute la ville. «Tout va bien se passer, l'accueil sera meilleur qu'a Béjaïa», rassurait le mouhafedh, M.Lakhdari.