Le Président-candidat avait déjà donné le la, la semaine passée, à l'occasion d'un de ses tout premiers meetings, lorsqu'il avait signifié aux terroristes repentis qu'ils se devaient de demander pardon aux Algériens. Une telle exigence venant du père de la concorde civile et de la réconciliation nationale pouvait paraître incongrue. L'amnistie générale, nous y voilà ! Le concept a fait irruption dans le lexique politico-médiatique algérien à la faveur de la campagne de la présidentielle de 1999, animée essentiellement, on s'en souvient, par des candidats réconciliateurs. Depuis, le sujet a fait l'objet de tant de spéculations, sans que Bouteflika n'y fasse référence explicitement, ne serait-ce qu'une seule fois en dix ans. Il est vrai que son discours et son action, deux mandats durant, avaient de quoi alimenter des supputations quant à sa volonté d'aller “plus loin” dans son aventure réconciliatrice. C'est donc à Tamanrasset, durant la présente campagne pour le troisième mandat, qu'il a enfin évoqué la possibilité d'une amnistie générale. On s'y attendait un peu, il est vrai : le Président-candidat avait déjà donné le la, la semaine passée, à l'occasion d'un de ses tout premiers meetings, lorsqu'il avait signifié aux terroristes repentis qu'ils se devaient de demander pardon aux Algériens. Une telle exigence venant du père de la concorde civile et de la réconciliation nationale pouvait paraître incongrue. Que Bouteflika fasse sien un préalable qu'il avait superbement ignoré jusqu'ici avait, en effet, quelque chose de déroutant. Sauf si, en contrepartie d'un tel mea-culpa attendu des terroristes “revenus dans le giron de la société”, il se tient prêt à satisfaire d'autres revendications islamistes, dont l'amnistie générale qui devrait leur permettre de recouvrer leurs droits civiques et donc un retour à l'action politique légale. À Tamanrasset, Bouteflika a donc décliné ses intentions un peu plus nettement même si la contrepartie exigée des islamistes est légèrement revue à la hausse : plus que l'obligation qui leur est faite de demander pardon, il leur faut déposer les armes. Ce faisant, le candidat aura été en phase avec la démarche initiée dès ses premiers mois de pouvoir, en 1999. N'avait-il pas déclaré, à l'époque déjà, que n'étaient les “lignes rouges” qu'il ne pouvait outrepasser, il était disposé à faire plus pour les victimes de l'arrêt du processus électoral de décembre 1991 qu'il avait qualifié de “première violence”. Après la concorde du premier mandat, la réconciliation du second, voilà donc l'amnistie qui pointe le bout du nez à l'orée du troisième ! Pari tenable ? Pas sûr. Car Bouteflika s'y prend peut-être un peu en retard : dix ans de réconciliation ont permis à Al-Qaïda de placer ses pions en Algérie, ce qui rend plus problématique le dépôt des armes islamistes. S. C.