Résumé : La femme avait aidé son mari à sortir de prison. Mais ce dernier lui soutire tout son argent. Elle se retrouve encore seule face aux aléas de la vie, et pour faire opérer son fils, elle consent à se prostituer. La bonne femme venait de terminer son récit. De longs sillons traversaient son visage. Elle étire sa jambe plâtrée et baisse la tête. - Voici toute mon histoire, docteur. Me permettez-vous de me retirer maintenant. La nuit était tombée depuis belle lurette. La femme venait de terminer son récit. Et Hacène qui s'était inquiété de mon retard m'avait déjà appelée deux fois pour me demander si j'avais l'intention de passer la nuit au cabinet. Je regardais cette femme en face de moi. Et ma première pensée fut pour mon fils. Jamais je n'aurais toléré que mon fils souffre de la faim, du froid, encore moins de la maladie. Cette femme s'est sacrifiée pour ses enfants. Je me levais et pris mon sac d'où je sortais quelques billets de banque. -Tenez. Allez acheter quelque chose pour vos enfants, et revenez me voir quand vous voudrez. Je vais vous prendre en charge vous et vos enfants jusqu'à votre complète guérison. Après, on avisera. La femme ouvrit ses yeux tout grands : -Non... non… je ne peux pas accepter docteur. Vous êtes un ange tombé du ciel. Vous êtes trop bonne. Je voulais juste soigner ma jambe, et j'ai abusé de votre temps et de votre bonté. - Non, ma bonne dame. Vous êtes venue chez-moi pour vous soigner certes, mais vous avez besoin d'aide. Laissez-moi donc vous aider. Des larmes ruisselaient sur le visage si marqué par le temps et le mal-vivre. J'aide cette pauvre femme à se lever et demandais un taxi pour la déposer chez-elle. Avant de me quitter, elle me prit les deux mains et se met à les embrasser… - Que dieu vous garde pour ceux qui vous aiment, et les garde pour vous. Je retirais mes mains : - Ne refaites jamais ça ma bonne dame. Je ne suis rien qu'un être humain comme vous. Mais je vais quand même vous demander quelque chose si vous voulez me faire plaisir. - Demandez ce que vos voulez. - Arrêtez de vendre votre corps… Elle baisse les yeux et hoche la tête d'un air penaud. - Si je vous demande ça, c'est parce que vous ne pourriez continuer ainsi éternellement et avec tous les risques que cela suppose. - Mais mon mari… - Ne pensez plus à votre mari. Pensez à vous et à vos enfants. Vous êtes handicapée pour le moment. Vous n'allez tout de même pas vous remettre à courir les rues. - Non. Bien sûr que non. - Alors restez tranquillement chez-vous. Et si votre mari revient à la charge, appelez la police. Il aura peur de retourner en prison, je présume. La femme me regarde bien en face : - Comment le savez-vous ? - Eh bien on dit bien que chat échaudé craint l'eau froide. Votre mari a déjà fait l'expérience d'un emprisonnement, et je suis sûre qu'il n'en garde pas un bon souvenir. - C'est exact. Je vais suivre vos conseils, docteur. Y. H.