Résumé : Chahira raconte les circonstances de son incarcération et les humiliations qu'elle avait dû subir. Son mari l'ayant abandonnée, elle est accusée de trafic de drogue et se retrouve pour cinq années derrière les barreaux. 48eme partie Kamel se hâte de demander deux plats pris au hasard sur le menu et des boissons fraîches. - Et ensuite Chahira, qu'as-tu fait ? - Eh bien sans argent, ni bagages, j'ai erré dans les rues. J'ai longtemps erré dans les rues. J'ai passé une première nuit dans une cage d'escalier à l'intérieur d'un immeuble. Au petit matin, je me suis mise à chercher un boulot. N'importe quoi… Faire des ménages, garder des gosses, vendre des bricoles… Mais, je n'ai rien pu dénicher. Je n'avais aucun diplôme sur moi, et même avec ça, mon casier judiciaire et mon passeport auraient joué en ma défaveur. Je suis une repris de justice et j'ai été expulsée pour trafic de drogue. Cela me collera à la peau pour le restant de mes jours. Une vieille femme qui vivait seule m'avait proposé de passer quelques jours chez elle. Elle m'a demandé de faire le ménage et la cuisine, en attendant que son fils et sa belle-fille rentrent d'un voyage. Moyennant cela, je pouvais dormir sous son toit et manger à ma faim. Cela dura une vingtaine de jours, mais au retour des siens, je fus priée gentiment de quitter les lieux. L'homme avait même sermonné sa mère d'avoir fait entrer “n'importe qui” à la maison. Chahira se tait et regarde son assiette. Elle avait tout à coup faim devant le succulent ragoût tout fumant et les tranches de rôti de bœuf. Elle prend sa fourchette et se met à manger. Kamel la regarde faire sans rien dire. Il avait compris qu'elle n'avait pas dû manger depuis plusieurs jours. Son menu quotidien était l'alcool et la cigarette. Elle relève la tête, la bouche encore pleine, et murmure : - J'ai faim. - Alors mange. - Et toi ? - Je vais manger moi aussi, j'ai tout mon temps pour cela, je n'ai pas aussi faim que toi. - Je vais te raconter la suite de mon récit. - Termine d'abord d'avaler ce qu'il y a dans ton assiette. Rien ne presse. Chahira sourit. - Tu es un ange Kamel. Et je suis la maudite… - Ne dis plus rien. Les regrets font plus de mal que les actes. - Oui. Et je regrette amèrement ce que j'ai fait. J'ai des remords, et cela me pousse à boire pour oublier. Tu vois bien que ma voix est devenue rauque avec la cigarette et l'alcool. Je me sens coupable envers tous les gens qui m'ont aimée et que j'ai aimés. Toi, mes parents, ma famille. J'ai tout gâché dans ma vie. Il ne reste que des débris de mon existence qui vont finir par s'éparpiller. J'ai même tenté de me suicider, mais le courage m'a manqué à la dernière minute. Kamel se met à manger et regarde un moment cette femme qu'il avait aimée et pour laquelle il ressent encore un petit sentiment. Cette femme autrefois belle comme le jour et qui a perdu jusqu'à son sourire. Des rides avaient creusé son visage. Des rides dus plus aux aléas de la vie qu'à la vieillesse. Il pousse un soupir et prend un verre d'eau. Il n'avait plus envie de manger. Sa gorge s'est nouée tout à coup, et il avait envie de crier son désarroi devant cette femme qui l'avait fait souffrir autrefois mais qui, à son tour, a souffert le martyre. Et encore, l'histoire n'est pas finie. Cette femme doit retourner dans cette boîte et reprendre son travail. Non ! ça, il ne va pas le permettre. Non ! Elle n'ira plus dans cette boîte. Il ne sait pas encore comment faire, mais il est décidé à tout tenter pour la tirer de ce pétrin. - Tu veux connaître la suite de l'histoire ? (À suivre) Y. H.