Devant une facture domestique difficilement abordable (frais de scolarité, loyer, électricité, gaz, eau...), les produits alimentaires de large consommation sont aujourd'hui visés par une mercuriale qui dépasse carrément le seuil du tolérable. À Tiaret, comme ailleurs à travers le pays, la cherté de la vie est un phénomène grandissant. Les chômeurs et les bourses moyennes ne savent plus à quel saint se vouer. Incontestablement, cette situation, qui interpelle les pouvoirs publics, a, malheureusement, droit de citer depuis bien longtemps, au grand dam des chargés de famille lesquels continuent de tirer le diable par la queue pour subsister. En effet, devant une facture domestique difficilement abordable (frais de scolarité, loyer, électricité, gaz, eau...), les produits alimentaires de large consommation sont aujourd'hui visés par une mercuriale qui dépasse carrément le seuil du tolérable. Au marché couvert de Tiaret, situé à la place du 17 Octobre, la pomme de terre, aliment du pauvre, oscille entre 75 et 80 DA le kg, la tomate est cédée à 110 DA, la salade à 70 DA et l'œuf à 13, voire même à 14 DA. Ces produits ont fini par connaître une escalade ahurissante. Parler de viande ou poisson relève aujourd'hui d'une utopie pour ces bourses misérables qui ne cherchent que le minimum pour se remplir l'estomac. Ainsi, le pauvre consommateur ne trouve que sa patience en parcourant les étals et les tarifs proposés. Ces chambardements infligés à la mercuriale dégradent véritablement le pouvoir d'achat et laissent libre cours à des interrogations lancinantes. “Où va-t-on avec cette folie des prix ? Que fonts les pouvoirs publics ?” Telles sont les questions qui reviennent sur toutes les lèvres aux marchés de la place Rouge, de Volani, de Zaâroura, ainsi qu'à travers les espaces de vente des fruits et légumes de bien d'autres localités, comme Rahouia, Dahmouni, Sougueur... Cependant, la paupérisation des couches sociales à faibles revenus et la décadence persistante du pouvoir d'achat incitent chaque jour à la consommation des fruits et légumes avariés. En voyant de jour en jour leur panier réduit comme peau de chagrin, la population est contrainte de se rabattre sur ces produits “altérés”. Au demeurant, cette pratique prend une telle dimension que certaines ruelles et boulevards se retrouvent actuellement submergés par ces fruits et légumes de “basse catégorie”, pour reprendre la phrase des commerçants. Exemple, la salade que les citoyens se procurent à 40 DA, même si elle est étoilée, blanchie et fanée au lieu de 70 DA au marché. “Je n'ai pas le choix puisque seuls ces produits sont à la portée de mon porte-monnaie”, nous dira un citoyen. Et d'enchaîner : “Je suis conscient du danger qui guette notre santé, ma famille et moi, mais je ne peux quand même pas laisser mes enfants crever de faim. Néanmoins, parmi ces produits, on trouve toujours de quoi consommer sans risque.” “Simultanément à d'autres charges domestiques inévitables, voilà que le cours de la vie ne nous épargne guère avec une mercuriale des plus tuantes”, tient à clamer une jeune femme rencontrée au marché Volani. Veuve et mère de quatre enfants, tous scolarisés, donc nécessitant des dépenses supplémentaires, cette dernière ne sait plus compter ses sous, voire sa piteuse indemnité acquise, bon gré mal gré, dans le cadre du filet social. “Je vous avoue que je perds tous mes repères quand je sais qu'un quintal de semoule ordinaire fait 4 000 DA, un litre d'huile de table à 100 DA, 1 kg de sucre à 60 DA et un paquet de lait en poudre 240 DA, alors que mes revenus n'excèdent pas 3 000 DA”, devait-elle enchaîner. De nombreux chargés de famille ont un quotidien similaire à celui de cette jeune mère. Ces derniers, qui se trouvent avec une facture salée, dans ce pays où le SNMG ne suffit qu'à s'acquitter des charges domestiques (électricité, gaz, eau, loyer), alors que les richesses du pays sont dilapidées par une catégorie bien précise qui ne cesse de s'enrichir pendant que les pauvres continuent à s'appauvrir. “Il est temps pour que soit bannie la politique de l'autruche car le pays va vraiment très mal, alors que les décideurs font montre d'un certain mutisme, faisant semblant de ne pas se rendre compte que l'enjeu ne vaut pas la chandelle”. R. SALEM