Les narcotrafiquants ont voulu tromper la vigilance des services de sécurité algériens occupés à sécuriser le scrutin présidentiel du 9 avril. C'était compter sans la vigilance des gendarmes qui pistaient les 3 containers grâce aux renseignements précieux qu'ils détenaient depuis déjà 20 jours. En mal de ressources et de complicités au niveau des bandes frontalières terrestres du sud et de l'ouest du pays, les narcotrafiquants, qui exploitaient les courants maritimes pour faire passer des petits colis de drogue, passent à un autre cap de trafic : le transport maritime international. En effet, un important réseau international de trafic de stupéfiants a tenté, il y a vingt jours, de faire transiter 5 tonnes de drogue vers l'étranger en recourant aux containers spécifiques au transport de fruits et légumes et dotés de réfrigérateurs et d'espaces commodes pour dissimuler une aussi importante quantité. Hier, lors d'un point de presse animé à la compagnie de la Gendarmerie nationale de Rouiba, le commandant du groupement d'Alger, le colonel Moustefa Tayebi, a révélé que “l'exploitation des renseignements précieux et des investigations ont abouti à cibler les 3 containers, à les localiser avant de les ouvrir. Ce sont des containers vides qui se trouvaient dans un port sec de Rouiba. La marchandise que nous avons saisie est destinée à l'exportation. Où ? Seule l'enquête que nous venons d'enclencher déterminera les tenants et les aboutissants d'un tel trafic, le plus important au niveau de la capitale. Une chose est sûre, derrière cette quantité, il y a un grand réseau international”. Selon le conférencier, les narcotrafiquants ont effectué d'importants aménagements à l'intérieur de ces containers frigorifiques pour dissimuler des colis de 30, 25, 15, 10 et 5 kg. Ils ont su adapter les espaces pour tromper la vigilance des services de sécurité. Mais le travail continu des renseignements des gendarmes a permis aux éléments de la compagnie de Rouiba, que dirige le commandant Reda Boukhenfouf, de déjouer la parade des narcotrafiquants et de faire avorter une aussi grande opération. “L'enquête ne fait que commencer. Mais d'ici quelques jours, nous remonterons la filière, car les containers ciblés seront identifiés. Ce sont des containers qui proviennent de l'étranger avec à l'intérieur des fruits et des légumes. Une fois au port sec, ces containers repartent vides vers le pays de provenance. Nous avons déjà ouvert deux containers et le troisième, nous venons juste de le passer au peigne fin. Nous avons la traçabilité de ces containers, le reste on le dira une fois l'enquête close”, explique encore le colonel Tayebi. Celui-ci avoue, toutefois, que les narcotrafiquants passent à l'axe du Nord. C'est-à-dire la voie maritime. D'où vient et où va cette importante quantité de drogue ? Les narcotrafiquants disposent-ils de soutiens aussi solides au Nord pour oser acheminer 5 tonnes de drogue devant une armada de services de sécurité, par ailleurs occupés à sécuriser le scrutin présidentiel du 9 avril prochain ? “La nouveauté, c'est le Nord !”, conclura le colonel Tayebi qui n'a pas avancé d'autres détails des investigations tant que les gendarmes enquêtent toujours sur la provenance et la destination de cette drogue. Lors de la dernière opération menée par les GGF à Tindouf et à Béchar, il a été procédé à la saisie de 6 tonnes de drogue en deux jours. En trois mois seulement, la Gendarmerie nationale a saisi près de 25 tonnes de kif traité. Une quantité impressionnante qui renseigne sur les intentions criminelles des cartels marocains de drogue. FARID BELGACEM