La drogue, qui devait, selon le colonel Taïbi chef du groupement d'Alger de la Gendarmerie nationale, être acheminée vers l'étranger via le port d'Alger, était dissimulée dans trois containers frigorifiques vides au niveau du port sec de Rouiba. Cette grosse affaire est l'œuvre d'un réseau international spécialisé dans le trafic de drogue. Les trafiquants ont soigneusement aménagé à l'intérieur de ces containers un compartiment, de telle façon à écarter tout doute, à faciliter son acheminement et à échapper au contrôle des services de sécurité. Les plaquettes de drogue, conditionnées par les trafiquants dans des boîtes de 25, 15, 10 et 5 kg, ont toutes été poinçonnées en RSB. « C'est une preuve que ce n'est pas un atelier fantoche qui les a confectionnées », commente un officier de la gendarmerie. Il va sans dire que ce gros lot a été découvert suite à des informations et des renseignements recueillis par les services de la Gendarmerie nationale dans le secret le plus total au bout d'une vingtaine de jours. « Suite à des renseignements, on a commencé à suspecter tout container frigorifique et on a saisi cette drogue en partance vers le port d'Alger et destinée à l'exportation vers l'Europe », nous déclare le commandant Rédha, chef de la compagnie de la gendarmerie de Rouiba. « C'est une saisie importante, il n'y a jamais eu une telle prise à Alger », affirme notre interlocuteur. Cela étant, la Gendarmerie nationale n'a pas encore mis la main sur les narcotrafiquants. « On n'a pas encore assez d'éléments, l'enquête n'est qu'à ses débuts », nous dit le colonel Taïbi. Celui-ci promet d'autres détails de l'enquête d'ici une vingtaine de jours. Ce qui est certain, avance cet officier, c'est que « les containers sont immatriculés. On va saisir les services de la douane et les transitaires dans le cadre de cette affaire ». Et de préciser : « On va enquêter sur l'appartenance de ces conteneurs dont l'utilisation est réglementée. On va étudier leur traçabilité au niveau du port et on mettra la main sur les narcotrafiquants. » Pour l'heure, ajoute-t-il « on ne sait même pas dans quel endroit cette drogue a été chargée dans ces conteneurs. » L'Algérie est, certes, connue pour être un pays de transit de la drogue mais surtout par ses frontières sud. C'est dire que ce transit par le centre du pays constitue une nouveauté pour les services de sécurité. Les narcotrafiquants ont-ils cru à une baisse de vigilance des services de sécurité– qui ont été, il est vrai, mobilisés pour la sécurisation de la campagne électorale – pour penser à faire transiter avec succès leur « marchandise » vers l'Europe ? Ou s'agit-il d'une nouvelle option d'itinéraire d'acheminement de leur drogue ? En tout cas, il est établi que les quantités de drogue saisies donnent froid dans le dos. De janvier à la fin mars dernier, la moyenne des saisies s'élève à pas moins de 5 tonnes mensuellement. De telles quantités saisies ne constituent malheureusement qu'une infime partie de ce qui circule réellement comme cannabis sur le territoire algérien.