Ne va pas à Sidi Yahia qui veut, au motif qu'“il est long, qu'il est loin le chemin” qui y mène à ce qui n'était jadis qu'un lieu-dit perdu à flanc de la falaise de l'indigent hameau de Bir-Mourad-Raïs et en contrebas de l'enviable quartier d'Hydra. Alors, pour y aller, soit qu'il faut gambader du haut de l'arrêt intermédiaire sis sur le mont de Sidi Hamdine jusqu'au lit de l'oued Sidi Yahia enseveli depuis sous le faste d'une enfilade de luxueuses échoppes, soit grimper d'ahanantes enjambées du terminus de l'ancien “clair-bois” de l'actuelle avenue Mohammedi de Bir Mourad-Raïs jusqu'au rond-point y attenant à l'affreuse cite d'urgence de l'architecte Sellier. Et pour cause, ici et dans ce qu'il est convenu de reconnaître la toute nouvelle destination “in” d'Algérois embourgeoisés, il n'est nul moyen de locomotion public pour permettre aux petites gens de s'y rendre. Autrement dit, il n'y en a que pour le rang d'heureux privilégiés motorisés de surcroît, d'où est exclue la caste des petits et des sans-grade qui ne peuvent même pas y aller, ne serait-ce que pour voir les autres s'adonner à leur sport favori, le shopping. À y bien voir, n'est-ce pas une opportunité de ratée pour le transporteur historique, qui pénalise ainsi une clientèle de “mahroumine” (les laissés-pour-compte). Dommage, d'autant que s'il était donné au quidam de choisir, le choix ira sans aucun doute vers les couleurs ciel et blanc de l'ancienne régie syndicale, qui iront si bien au faste du quartier. Donc, mieux vaut s'y investir que de laisser l'éventuelle initiative aux indésirables “J5” et aux taxis clandestins tout le temps aux aguets. C'est tout ça Sidi Yahia qui est maintenu, jusqu'au jour d'aujourd'hui, hermétiquement clos sur autrui. Nazim Djebahi