La cité du nom de l'urbaniste et réformateur social, Sellier Henry (1883-1943), est située dans la commune d'Hydra en contrebas de la forêt du Paradou et surplombe du haut de la colline le quartier de Sidi Yahia, qui s'étale jusqu'aux confins de la commune de Bir Mourad Raïs. On y accède par les deux galeries qui s'ouvrent instantanément sur l'immense esplanade où se donnent rendez-vous les grands vents. La cité Sellier est isolée du faste de notoriété qui entoure généralement le chef-lieu de la mirifique municipalité d'Hydra. A l'opposé des quartiers luxueux environnants où le circuit des propriétés somptueuses donnent le vertige, ici on n'évoque pas la taille du logement et on tait pudiquement la surface de l'appartement que l'on occupe. La promiscuité coexiste avec l'exiguïté dans un espace où s'agglutinent pour la plupart des familles nombreuses, alors qu'à quelques encablures de là et ô suprême provocation, les barons du foncier mordent à belles dents dans les parcelles de terres de Sidi Yahia. C'est ce que nous avons appris de M. A. C., un riverain : « Les programmes de logements promotionnels qui devaient profiter aux célibataires endurcis de la cité ont changé d'intitulé en un tour de magie pour s'emmitoufler dans les statuts moelleux de coopératives immobilières. » Au chapitre des loisirs, ce n'est pas terrible. Faute d'activités culturelles et sportives, les jeunes de la cité se morfondent dans un environnement morose, en raison de la fermeture inexpliquée de la bibliothèque multimédia. « Les locaux abandonnés du marché communal depuis quelques temps sont le repaire de jeunes délinquants qui s'adonnent régulièrement à la consommation de la drogue et de l'alcool », nous a dit un voisin. Ce sont autant d'ennuis qui s'ajoutent à la crainte ambiante, notamment à la tombée de la nuit. « L'unique maison de jeunes d'Hydra, dirigée par Mme Boudina, ne peut accueillir toute la population juvénile de la cité, en dépit de la bonne volonté de son personnel d'animation », a tenu à préciser notre interlocuteur. Le danger est également patent depuis l'effondrement accidentel du mur de clôture (causé par un engin de la coopérative immobilière Boudiaf Mohamed), du nouveau marché communal. Depuis ce sinistre, les clients vaquent à leurs emplettes tout près d'un précipice effrayant. S'agissant de l'hygiène : des émanations nauséabondes circonscrites à côté du corridor où les animaux errants ont trouvé gîte et couvert. Plus grave, ce n'est sûrement pas les règles de décences et de bon voisinage qui étouffent certains habitants de la cité Sellier, qui brillent dans les actes d'incivilité au risque de polluer l'environnement. C'est le cas notamment de quelques locataires réfractaires aux traditions de bienséances qui continuent d'évacuer toute honte bue des gravats en vrac dans les espaces verts de la cité. Pis, emportés par la frénésie des travaux d'aménagement de leur maison, ces habitations urbaines croulent aujourd'hui sous les décombres. Accompagné par un habitant dans ce qu'il est convenu d'appeler maintenant des « décharges sauvages », le tableau ne prête pas à l'optimisme. Et pour cause, inspectés de près, ces gravats proviennent essentiellement des murs anciens que l'on abat sans retenue et sans procéder aux vérifications urbanistiques d'usage. « Comme vous pouvez le constater, les espaces verts de la cité mis déjà à mal par la gabegie municipale, sont présentement ensevelis sous les éboulis », nous a dit notre interlocuteur. Plus grave, les services techniques de l'Apc laissent faire et ne semblent nullement s'embarrasser de la sécurité des personnes et des biens, alors que l'œil de l'architecte expert est requis. Loin de nous l'idée de jouer aux rabat-joie, mais le syndrome de Réghaïa existe encore dans les esprits. Il ne faut pas perdre de vue que l'effondrement de l'immeuble Dix de Réghaïa, lors du séisme de mai 2003, a été précipité pour avoir été fragilisé par des travaux similaires. En conséquence, l'Apc est mise à l'index et d'aucuns se posent des questions sur la gestion rationnelle d'un budget municipal conséquent censé endiguer le malvivre des riverains.