Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad va affronter trois principaux adversaires, allant du camp réformateur à celui des conservateurs, mais qui tous critiquent la politique du gouvernement, après la clôture hier des inscriptions pour la présidentielle de juin. Hier matin, le réformateur Mehdi Karoubi, ex-président du Parlement, s'est officiellement inscrit. Il a été suivi peu après au ministère de l'Intérieur par l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, un conservateur modéré, soutenu par les réformateurs. Âgé de 72 ans, l'hodjatoleslam Mehdi Karoubi, un religieux de second rang, porte le surnom de “cheikh des réformes”. “Je me présente pour le changement”, a déclaré M. Karoubi avant d'affirmer que l'actuel gouvernement était “incapable de faire son travail”. Il a surtout demandé au gouvernement de “faire très attention au vote des électeurs”. En 2005, M. Karoubi, arrivé troisième, avait protesté publiquement contre des irrégularités au profit de Mahmoud Ahmadinejad, arrivé second lors du premier tour de la présidentielle. Pour sa part, M. Moussavi, qui a été Premier ministre durant la guerre Iran-Irak (1980-88), se définit comme un “réformateur attaché aux principes” de la révolution islamique de 1979. Il revient sur le devant de la scène après une éclipse de 20 ans. Il a toujours bénéficié du soutien du fondateur de la révolution islamique, l'imam Khomeiny. Aujourd'hui, il est soutenu par l'ancien président réformateur Mohammad Khatami et les principaux partis du camp réformiste, notamment le Front de la participation et l'Organisation des Moudjahidine de la révolution islamique. “J'ai décidé de me présenter, car je trouve que la situation politique, économique et culturelle est inquiétante”, a déclaré M. Moussavi après son inscription. Il a ajouté qu'il voulait défendre “la liberté de pensée et d'expression” et œuvrer pour de “meilleures relations entre l'Iran et le monde”. Le troisième principal adversaire de M. Ahmadinejad, Mohsen Rezaï, un ancien chef des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime islamique qu'il a dirigée pendant 16 ans (1981-1997), est actuellement membre de l'Assemblée des experts, chargée de superviser l'activité du guide suprême. Âgé de 54 ans, M. Rezaï a multiplié les critiques contre la politique du président Ahmadinejad, qui s'est inscrit comme lui vendredi. Interrogé sur ses chances de réélection, M. Ahmadinejad, 52 ans, a déclaré vendredi “ne pas penser à ces questions” et vouloir “juste servir le peuple”. Quand il s'était présenté à la présidentielle de 2005, il s'était posé en “serviteur du peuple”. “Quand tout une nation se rend aux urnes, le résultat est toujours bon et surprenant, et j'ai bon espoir”, a-t-il déclaré vendredi.