Incontestablement, la victoire retentissante de dimanche dernier au stade Tchaker de Blida est révélatrice d'une nouvelle ère pour la sélection nationale algérienne de football qui a pu, dans un match absolument mémorable, déjouer tous les plans de l'ogre égyptien, double champion d'Afrique. Certes, durant la première mi-temps, les Verts ont donné l'impression de peiner, de se chercher sur le terrain, résultat d'un respect démesuré voué à un adversaire qui n'a pas été finalement à la hauteur de sa réputation. Le coach nationale Rabah Saâdane, l'homme par qui le succès arrive, a vite compris que mieux valait s'intéresser à notre propre jeu au lieu de se borner à vouloir museler celui des Pharaons. C'est ainsi qu'il décide de remettre Ziani, le maître à jouer des Algériens, dans l'axe et de décaler Matmour à droite pour mieux huiler une machine grinçante en première mi-temps. L'effet est immédiat : Les Verts maîtrisent mieux le jeu, acculant du coup les Egyptiens dans leurs derniers retranchements. Conséquence de cette pression soutenue, les coéquipiers d'Abou Trika concéderont des erreurs dues notamment à la lourdeur de leur défense. Matmour, Ghezzal et Djebour en savent quelque chose, eux qui ont su profiter des brèches laissées par l'arrière-garde égyptienne. Du point de vue tactique, Rabah Saâdane a totalement réussi son coup et aura damé le pion à son homologue Shehata qui était loin de se douter que l'Algérie pouvait aspirer à un tel niveau de jeu. Le mérite de Saâdane, c'est d'avoir poussé à fond ses joueurs, d'avoir su leur parler dans les vestiaires et surtout d'avoir assumé ses responsabilités en faisant des choix osés et judicieux en attaque et dans l'animation de jeu pour surprendre son adversaire. De l'avis de Shehata même, son équipe a été déboussolée par l'accélération algérienne et les deux premiers buts ont fini par sonner le glas des champions d'Afrique qui n'ont pas reçu pareille gifle depuis belle lurette. La presse égyptienne parue hier a d'ailleurs relevé unanimement la supériorité des Algériens et leur savoir-faire. “C'est une formation qui a un bel avenir devant elle et qui recèle des joueurs en défense et en attaque de niveau mondial”, écrivait hier la presse égyptienne qui n'a pas manqué d'égratigner le gardien El Hadari, coupable, selon elle, de fautes inadmissibles. Ceci donc sur le plan tactique. Il reste aussi que la victoire de l'Algérie n'aura pas été possible sans le soutien de ce merveilleux public du stade Tchaker. En parfaite communion avec son équipe, le public à su galvaniser les troupes et jouer admirablement le rôle du 13e homme. Ziani dit à ce titre : “Le public transmet une telle force durant la rencontre qu'on se sent pousser des ailes. Alors, avec une maîtrise de jeu comme celle d'hier, on était pratiquement imbattable.” D'ailleurs, il faut savoir que ce sont les joueurs qui ont choisi de rester dans cette enceinte porte-bonheur au lieu de revenir au 5-Juillet. À Blida, les Verts sont donc dans leur jardin. Ils ont jeté dimanche soir, par une soirée mémorable, les jalons d'une autre étape, celle qui rompt avec un passé peu reluisant, avec deux éliminations successives pour la CAN. L'EN a donné des signes qui ne trompent pas sur un renouveau et à un retour au premier plan, car battre l'Egypte avec l'art et la manière n'est pas donné au premier venu. D'ailleurs, l'exploit de l'Algérie a fait le tour hier des médias africains et arabes qui ont mis en exergue l'avènement d'une nouvelle équipe beaucoup plus performante en Algérie. Dimanche soir, quelque chose a changé : l'EN joue mieux, elle a regagné le cœur des Algériens. Il y a désormais une parfaite communion entre les Verts et leurs supporters, et cela c'est vital pour l'avenir !