L'Afrique du Sud met la dernière main cette semaine aux préparatifs pour la Coupe des Confédérations (14-24 juin) qui s'ouvre dimanche, un an avant le premier Mondial (11 juin-11 juillet 2010) jamais accueilli par le continent noir. Pendant la compétition de deux semaines, qui regroupe les champions continentaux ainsi que l'Italie, vainqueur du Mondial 2006, et l'équipe du pays hôte, l'Afrique du Sud sera au banc d'essai. L'enjeu est de taille, car c'est l'image du pays et de l'Afrique toute entière que les organisateurs du Mondial entendent changer. Pour y parvenir, la première puissance économique du continent doit achever la rénovation ou la construction de dix stades, assurer la sécurité dans un pays miné par une criminalité record, réinventer ses transports en commun et imaginer des structures d'accueil dépassées par l'ampleur de l'événement. Le gouvernement a prévu d'investir quelque 63 milliards de dollars dans ces infrastructures, qui devraient laisser un riche héritage à l'Afrique du Sud, souligne Rich Mkhondo, porte-parole du Comité local d'organisation (LOC). Quatre stades, à Johannesburg, Pretoria/Tshwane, Rustenburg et Bloemfontein/Mangaung, ont été rénovés pour la Coupe des Confédérations. Un stade tout neuf a été inauguré la semaine dernière à Port Elisabeth (sud) et cinq autres seront achevés en décembre, affirme le LOC, confiant en dépit des grèves et batailles judiciaires qui ont retardé ces chantiers. “Nous avons aujourd'hui neuf mois d'avance sur les travaux par rapport à la Corée du Sud et au Japon en 2002, et six mois d'avance par rapport à l'Allemagne en 2006”, fait valoir M. Mkhondo. Parmi les constructions les plus remarquables, le stade de Durban doté d'une arche de 106 mètres surplombant le terrain. Celui de Green Point, au Cap, disposera d'une des plus belles vues au monde, entre la célèbre Table Mountain et l'océan Atlantique. La Fifa martèle que la sécurité sera assurée dans les stades et le succès du championnat d'Inde de cricket, événement majeur transféré en Afrique du Sud le mois dernier, semble le prouver. Mais le problème est plus vaste, dans un pays où 50 personnes meurent chaque jour, victimes de crimes violents. Après des années de déni, le nouveau gouvernement a promis une tolérance zéro vis-à-vis des criminels. Tout incident venant troubler la Coupe du monde aurait d'énormes répercussions en termes d'investissements et de tourisme. “Plus de 10 000 policiers seront affectés à la sécurité des visiteurs pendant le Mondial”, souligne Linda Mti, responsable de la compétition à la police nationale. Ses services travaillent déjà au quotidien avec Interpol. Des investissements massifs ont été faits en équipement et formation des agents et l'armée devrait être appelée en renfort. En dépit du boom touristique post-apartheid, les organisateurs bataillent pour pallier une carence en logements agréés pour héberger les 450 000 visiteurs attendus pendant le Mondial. Maisons d'hôtes, fermes de safari et auberges de jeunesse ont reçu un agrément l'année dernière, s'ajoutant aux quelque 100 000 chambres d'hôtel disponibles. Mais la Fifa a dû recourir aux pays voisins, jusqu'à l'île Maurice à quatre heures et demie de vol, pour réserver des chambres. Les fans de foot auront l'option de faire du tourisme entre deux matches... L'idée est présentée comme partie intégrante de la “Coupe africaine”, qui devra étendre ses bénéfices au reste du continent. Le gouvernement a lancé il y a trois ans un vaste projet d'élargissement des routes et de rénovation des aéroports et veut inaugurer pour 2010 un système de transports en commun intégrant bus et trains. Le premier tronçon d'un réseau de train régional rapide reliant l'aéroport international de Johannesburg au quartier des affaires ne devrait toutefois pas être prêt à temps pour le Mondial. L'ambitieux projet, qui se chiffre en milliards de dollars, accumule les retards. La première phase de la desserte de bus, qui devait entrer en service dans la capitale économique pour la Coupe des Confédérations a, quant à elle, été repoussée en raison de l'opposition farouche des taxis collectifs, organisés en véritable mafia. Mais “les problèmes sont en passe d'être résolus et nous serons prêts largement avant la Coupe du monde”, affirme le conseiller municipal Rehanna Moosajee. La mise en place d'un système de transports fiable est indispensable pour désenclaver les millions de pauvres qui habitent les townships, à des kilomètres de l'emploi. 40% de la population active est au chômage.