Le candidat réformateur malheureux à la présidentielle iranienne, Mir Hossein Moussavi, a dénoncé les restrictions et pressions qui lui sont infligées pour qu'il retire sa plainte pour irrégularités dans le scrutin du 12 juin, mais affirme qu'il ne renoncera pas. “Je ne suis pas près d'arrêter de demander les droits du peuple iranien”, a-t-il averti alors que la répression bat son plein. L'ex-Premier ministre de l'imam Khomeiny, le père fondateur de la révolution islamique iranienne, a également assuré qu'il n'y avait pas d'étrangers derrière les manifestations. “Le mouvement vert n'est pas dépendant des étrangers”, a-t-il souligné. Ahmadinejad a imputé la contestation de sa réélection à la CIA, s'en prenant directement au président américain Obama. Il reste que son mandat, le second, aura commencé dans un bain de sang. Autre épisode de la répression infligée aux pro-Moussavi, 70 professeurs d'université ont été arrêtés en fin de semaine dernière peu après avoir rencontré l'opposant. Des étudiants ont également disparu. Depuis le début des violences nées de l'annonce des résultats de la présidentielle, au moins 17 personnes ont été tuées, selon le quotidien officiel Iran. Depuis jeudi, la capitale est tenue par les forces de l'ordre. Le pays s'est refermé sur lui-même et il est difficile de savoir où en est le mouvement de Moussavi. L'heure est aux règlements de comptes. Ce vendredi était attendu avec beaucoup d'inquiétudes. Même si la police semble avoir repris le contrôle de la rue, le camp réformateur organise toujours ses journées de deuil national à la mémoire des manifestants tués. Fort du calme relatif qui règne à nouveau, plus particulièrement dans la capitale, le pouvoir recommence à gonfler la poitrine, pointant du doigt la main étrangère. En Italie, le G-8 des chefs de la diplomatie devront adresser un message dur et clair à Téhéran au sujet de la répression violente des manifestations. Ahmadinejad va faire donner sa justice. Il a promis de donner une leçon aux contestataires devant les tribunaux, mais cela ne les a, semble-t-il, pas dissuadé de continuer à s'exprimer. En effet, tout comme Moussavi, Mehdi Karoubi, l'une des figures du camp réformateur, n'ont pas arrêté de ruer dans les brancards. Chez les grands ayatollahs, c'est également la division : Hossein Ali Montazeri a également invité le peuple iranien à observer un deuil en mémoire des victimes de la répression. Selon lui, résister aux exigences du peuple est interdit par la religion. À Qom, la capitale du chiisme, des voix nombreuses s'élèvent contre le poulain de Khamenei. Quoiqu'il advienne, Ahmadinejad devra faire avec son opposition d'abord au sein du régime puis dans la population. Longtemps cantonnées à des actes de rébellion vestimentaires symboliques, les femmes iraniennes sont au premier rang de la contestation. Depuis le début des manifestations on les a vues défiler aux côtés des hommes, crier leur opposition à Ahmadinejad, et même mourir dans la rue sous les balles, comme Neda Agha Soltan, dont les images ont fait le tour du monde grâce à Internet. Sous son premier mandat Ahmadinejad a mis en place des lois limitant les horaires de travail des femmes et la possibilité d'effectuer des heures supplémentaires. Une loi facilitant la polygamie a également été proposée, et les restrictions vestimentaires ont été fermement appliquées. Autant d'éléments qui ont fait craindre à l'Iranien son deuxième mandat. Ce qui est remarquable dans l'irruption de cette révolution verte c'est qu'elle est dirigée par un apparatchik austère et dogmatique de l'islamisme révolutionnaire. Qui aurait pensé que le compagnon de Khomeiny cristalliserait un jour l'espérance d'une jeunesse iranienne assoiffée de liberté ? Sa mue tardive, Moussavi la doit en partie à son épouse, Zahra Rahnavard, présidente de l'université de Téhéran, réputée libérale ! Durant la campagne électorale, elle a accompagné son mari partout comme en Occident.