Pour l'ancien patron de Sonatrach, il est temps aujourd'hui pour les pays consommateurs de contrôler le marché pétrolier. Lors de la présentation d'une thèse de doctorat à l'Institut de sciences politiques de Ben Aknoun (Alger), l'ex-P-DG de Sonatrach (de 1997 à 1999), Abdelmadjid Attar, s'est penché sur les perspectives d'avenir du marché pétrolier. Tout en affirmant que l'Opep n'a plus aucun poids et qu'”elle est devenue un spectateur”, il a tenu à préciser que le marché pétrolier est, et sera, sous la coupe des pays consommateurs. “Au début, c'étaient les compagnies pétrolières qui dictaient leur loi, et vers la fin des années 1960 les pays producteurs ont commencé à maîtriser leur énergie. Actuellement, il semble que c'est au tour des pays consommateurs d'en être les maîtres.” Le consultant en hydrocarbures, M. Attar, était ce jour-là membre du jury de la thèse dont le thème était “Les multinationales pétrolières et leur influence sur les relations internationales.” À ses côtés, se trouvaient, entre autres, le consultant en stratégie, Mustapha Mekidèche, ainsi que le professeur Mohamed-Réda Mezoui (président du jury). Même si le sujet du jour, sur lequel M. Attar a avoué que c'est la première fois depuis 1971 qu'un travail de cette envergure est réalisé en langue arabe concernant les multinationales, le débat s'est rapidement élargi à l'état du marché pétrolier ainsi que ses perspectives. Ces dernières sont, de l'avis de la quasi-majorité des intervenants lors des discussions sur la thèse, plutôt pessimistes. Pour M. Attar, “il n y a pas de crise énergétique” dont “les risques sur l'Algérie ne peuvent qu'être négatifs avec la mondialisation et son entrée probable à l'OMC”. Allant dans le même sens, M. Mekidèche a déclaré que “nous sommes entrés dans la transition énergétique et l'Algérie n'est pas bien préparée”. Concernant les acteurs du marché pétrolier, il présenta la Russie comme un “passager clandestin” au sein de l'Opep, tout en précisant que “Gazprom n'est pas différente des autres multinationales”. À propos des réserves mondiales de l'or noir et l'influence des Américains, M. Attar souligna que “l'idée, selon laquelle les Etats-Unis ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins énergétiques, est fausse. Il faut savoir qu'ils ont assez de pétrole, mais pas chez eux. Par exemple, ils contrôlent 82% des réserves au Moyen-Orient et maintenant même en Russie. Les Etats-Unis contrôlent pratiquement la plupart des réserves au monde”. Abondant dans le même sens, l'ex-ministre des Ressources en eau n'a pas omis d'ajouter que “pour l'Algérie, quelque part ils sont là, même s'ils ne prennent pas la totalité des réserves. Pratiquement, l'Iran est le seul pays qui échappe plus au moins au contrôle américain”. De son côté, M. Mekidèche a martelé que “l'essentiel est de contrôler les réserves”, tout en affirmant que toutes les entreprises veulent en avoir à l'étranger, “y compris Sonatrach”. Avant la fin des débats, Mohamed-Réda Mezoui insistera sur l'importance de la géopolitique dans le marché pétrolier en donnant comme exemple sa lecture sur le tapage fait dans l'Hexagone autour de l'assassinat des moines de Tibhirine. “La France a peut-être voulu montrer qu'elle n'a pas accepté l'influence d'autres pays qu'elle en Algérie.” Concernant la thèse en question, Mohamed Khataoui a obtenu, après délibérations du jury, la mention très honorable, avec félicitations du jury à l'unanimité. Salim KOUDIL