La volonté de certains acteurs politiques, aussi bien en Algérie qu'en France de ressusciter le “Qui-tue-qui ?” est aujourd'hui manifeste. Malgré le recul du chef de l'Etat français et les précisions de son ambassadeur en Algérie, le mal est malheureusement fait. Après avoir remis au goût du jour un dossier judiciaire pour en faire un outil de règlement de comptes politico-diplomatiques, Paris revient à la raison en écartant l'idée d'une crise entre les deux pays allant même jusqu'à reprocher, en des termes à peine voilés, aux Algériens d'avoir mal interprété les déclarations du président Sarkozy sur l'affaire des moines de Tibhirine qui avait assumé pleinement les propos du général Buchwalter. Pourtant, les choses étaient claires et les prémices d'une véritable tension diplomatique étaient très perceptibles. Lorsqu'on accuse l'Algérie de “mensonge”, même si l'on lui confère la qualité de “grand pays”, un usage connu dans les formulations diplomatiques pour atténuer l'ampleur des accusations, on ne peut quand même pas s'attendre à des fleurs. Les réactions des médias en Algérie ont été à la mesure de la gravité des doutes français sur le terrorisme en Algérie. Mais, officiellement, seul le parti du Premier ministre, le RND, a dénoncé ce qu'il a considéré comme une “nouvelle provocation à l'égard de l'Algérie qui a souffert des affres du terrorisme dans le silence et la complicité des autres”. Le président Sarkozy, qui a ajouté une couche à la complexité des relations algéro-françaises mises à mal depuis la loi du 23 février jusqu'à l'affaire Hasseni, semble toujours prisonnier des nostalgiques de l'Algérie française et on se demande si l'ancien attaché militaire de l'ambassade de France à Alger n'a pas délibérément choisi la date du 5 juillet, anniversaire de l'indépendance, pour lâcher son venin sur une institution qui a payé le prix fort pour la sauvegarde de la République. La volonté de certains acteurs politiques, aussi bien en Algérie qu'en France, de ressusciter le “Qui-tue-qui ?” est aujourd'hui manifeste. Malgré le recul du chef de l'Etat français et les précisions de son ambassadeur en Algérie, le mal est malheureusement fait. Mais une question demeure posée : à qui profitent les tensions diplomatiques qui sont désormais récurrentes entre les deux pays depuis le “il faut” de François Mitterrand ? S. T.