En trente ans d'existence, le groupe Cosider a réussi à s'imposer sur le marché du BTP en Algérie L e groupe Cosider, avec ses dix filiales, est en train de se développer dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Créé en 1979, comme société économique mixte avec le groupe danois Christiani et Nielsen et la Société nationale de sidérurgie (SNS), Cosider a réussi à acquérir un savoir-faire technique et à s'imposer dans le secteur du bâtiment et des travaux public. En 1982, elle devient une entreprise publique, la SNS reprenant toutes les parts de l'actionnaire danois. Au début, Cosider s'était spécialisé dans la réalisation de logements. Depuis quelques années, l'entreprise essaye de percer dans le génie civil qui rapporte plus d'argent, les parts de marché étant plus importantes. C'est-à-dire dans le secteur des équipements qui comprend l'ensemble des équipements publics dont les hôpitaux, les sièges des différentes wilayas ou les universités. Appuyé par ses dix filiales toutes certifiées aux normes internationales iso qui sont Cosider Canalisation, Cosider Travaux publics, Cosider ouvrage d'art, Cosider Promotion, Cosider Carrières, Cosider Construction, Cosider Alsim, Cosider Alrem, Cosider Cometal et Cosider Agral, le groupe a consolidé ses positions. Ces filiales ont notamment réalisé en 2008 de grands projets de construction du pays dont une partie du métro d'Alger, des tunnels autoroutiers à Bouira, des barrages en voûte de béton. Elles réalisent le futur ministère des Affaires étrangères. Sans omettre, les milliers de kilomètres de pipelines de transfert de gaz vers l'Europe qui font partie intégrante des réalisations du groupe. “L'entreprise est devenue experte dans ce domaine à tel point que même des sociétés espagnoles nous sollicitent”, nous confie à demi-mot le P-DG de Cosider, Lakhdar Rekhroukh. Une autre spécialité de Cosider, c'est la construction de barrages. “Nous avons notre propre équipe qui travaille exclusivement pour la construction des barrages. Nous devons avoir toujours deux barrages en cours de construction pour faire bien fonctionner nos équipes”, explique le P-DG. Au début, pour la réalisation des barrages, Cosider faisait appel aux ingénieurs européens qui collaboraient en partenariat. Désormais, grâce à ces partenariats, les ingénieurs algériens ont acquis le savoir-faire. Pour Lakhdar Rekhroukh, ces partenariats demeurent essentiels. “Quand nous avons la connaissance et le savoir-faire, nous travaillons avec nos ingénieurs. Dans le cas contraire, nous faisons appel aux étrangers. Ce n'est que comme cela que nous développerons l'ingénierie en Algérie. Par exemple, pour la construction des tunnels, nous avons travaillé au début, en collaboration avec des Polonais. Maintenant, nous réalisons les tunnels avec nos propres ingénieurs”, souligne-t-il. L'expérience s'apprend sur le terrain. Le P-DG a observé que “les étudiants en école d'ingénieurs n'apprennent que la théorie et n'ont très peu de pratique dans leur cursus. Quand ils arrivent sur le terrain, ils ont besoin d'une période de 18 mois environ pour être pleinement opérationnels”. Le groupe Cosider est toujours en pleine expansion. Chaque année, environ 1 000 nouveaux employés intègrent le groupe. Actuellement, plus de 19 000 employés travaillent pour le groupe. Pour le recrutement, la société a fait le pari de la formation professionnelle. “Nous prenons des stagiaires surtout dans les métiers techniques, sur les chantiers. Nous avons aussi misé sur l'apprentissage. Pour une grande partie d'entre eux, ils sont embauchés par la suite. C'est pratique, nous pouvons voir les meilleurs et les plus motivés et comme ils connaissent l'entreprise et le travail à faire, ils n'ont pas de problème d'intégration. Cependant, j'ai remarqué que nous avons des difficultés à trouver des stagiaires dans la maçonnerie. Il y a très peu d'engouement. C'est peut-être un manque de communication de notre part. Pour le moment, nous n'avons fait que de la sensibilisation dans les grandes villes, nous ne sommes pas encore allés à l'intérieur du pays. Seulement, je regrette le peu d'entreprises qui optent pour l'apprentissage, nous sommes pratiquement les seuls”, affirme-t-il. S'internationaliser d'ici les cinq prochaines années Comme toute entreprise ou société, le groupe Cosider s'est fixé des objectifs dans son plan de développement. Cosider vise en particulier à doubler le chiffre d'affaires. L'année dernière, il était de 50 milliards. “Nous comptons doubler notre chiffre d'affaires en 5 ans. En 2013, nous espérons atteindre les 85 milliards de dinars. Je pense que nous sommes en bonne voie avec tous les projets en cours de réalisation”, précise le P-DG. Cette tendance semble se confirmer. Sur le 1er trimestre de 2009, les réalisations dépassent les prévisions sur les plans des activités et des résultats financiers. Le groupe peut envisager sans grosse surprise une croissance à deux chiffres l'année en cours. Pour son développement, Cosider table sur les dispositions prises par le gouvernement favorisant les entreprises algériennes. “C'est un plus pour nous. Cependant, il ne faut pas en profiter pour s'endormir sur nos lauriers, mais profiter de ces avantages pour nous développer, améliorer notre compétitivité et accroître notre expérience. Pour cela, nous avons entamé toute une stratégie pour arracher les gros projets de l'avenir. Je reconnais que sur les grands projets de construction comme les grands complexes, les projets d'équipement et d'habitation c'est-à-dire à qui dépassent le milliard de dinars, nous retrouvons toujours les mêmes, et très peu d'entreprises algériennes. Ces projets exigent beaucoup de main-d'œuvre. Les Chinois et les Turcs, qui ont cette main-d'œuvre à prix très bas, sont très compétitifs. Nous basons toute une politique sur les projets-clés en main. C'est en gagnant ces grands projets que nous gagnerons en expérience et en reconnaissance”, estime Lakhdar Rekhroukh. Cosider ambitionne également de s'internationaliser d'ici les cinq prochaines années. Avant de franchir ce cap, le groupe préfère fourbir ses armes et acquérir son expérience en Algérie. En ce sens, le P-DG de Cosider esquisse sa stratégie. “Nous avons le savoir-faire et les compétences. Seulement, nous ne sommes pas encore tout à fait prêts. Il faut que nous mettions en place une stratégie. Aujourd'hui, nous avons un grand investissement avec l'Etat et tous les projets en cours. Nous faisons d'abord nos armes ici. J'estime que c'est la meilleure manière pour apprendre à travailler et à gagner cette expérience. Par la suite, si notre personnel est compétitif, nous nous mettrons à l'international. Nous devons penser un jour à aider Sonatrach à alimenter l'Algérie en devises. Ce n'est qu'avec l'outil humain que l'on pourra le faire.” Une pensée qui s'inscrit entièrement dans la politique de l'entreprise qui a comme devise : “C'est avec l'implication de tous les travailleurs, cadres et partenaires, que nous affirmerons et maintiendrons notre réussite.” E. M.