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“Semer l'espérance”
Centenaire voie soufie alawIya
Publié dans Liberté le 29 - 07 - 2009

Le directeur général de l'APS Nacer Mehal a donné une conférence sur le thème “Le monde de la communication, enjeux et réalités”.
Aborder un thème aussi vaste, c'est tenter de balayer tout un spectre de ce qui conditionne la vie des citoyens du monde. La communication est, en effet, devenue par la grâce des technologies nouvelles une denrée sans laquelle on ne saurait être contemporain. Elle embrasse tellement de segments de la vie quotidienne qu'elle touche des milliards d'humains soit par la télévision, soit par la radio, soit par la presse écrite ou encore par cette magie du modernisme qu'est devenu Internet.
La communication peut nous intéresser pour le sport, pour la météo, pour l'événement politique, pour un fait divers, pour le prix de la mercuriale, pour les catastrophes naturelles, pour l'environnement, pour l'économie, pour la Bourse, pour la culture, pour la science, pour la religion, pour un ensemble de sujets qui entretiennent l'évolution — ou la régression — du monde.
Elle apporte l'émotion et la joie. Elle apporte aussi la tristesse et la violence.
Elle est donc une interrogation perpétuelle en plein dans les consciences des humains soit pour les rapprocher, soit pour les diviser. Un mot, une phrase, une image et tout peut balancer en effet dans le positif ou le négatif. Dans le processus de l'évolution, la communication a certainement aidé à la connaissance de l'Autre ; elle a permis aux cultures de transcender les frontières, aux peuples de pouvoir mieux se connaître et se reconnaître ; aux sportifs de vivre l'émulation ; aux politiques de passer leurs messages, aux écologistes de mieux défendre la planète face aux dangers qui la guettent ; aux scientifiques de diffuser le savoir et la connaissance. Plus prosaïquement dit, elle a libéré l'expression pour inscrire le droit à l'information dans les tablettes des Constitutions de nombreux pays dont l'Algérie. Elle est devenue pour ainsi dire une arme, parfois même une arme de destruction massive.
LES ENJEUX
Placé sous cet angle, le débat qui nous concerne aujourd'hui à Mostaganem est justement de tenter de cerner l'immensité des enjeux comparés aux réalités du monde parce que, derrière les oripeaux de la liberté d'expression, il y a parfois cachées dans le soubassement des idées des volontés dominatrices qui laissent peu de place aux “damnés de la terre”, selon le néologisme du regretté Frantz Fanon. Bien après Frantz Fanon, qui dénonçait à l'époque dans les années 50 et 60 du siècle dernier les apôtres de la colonisation, à commencer par la colonisation des esprits, un autre penseur africain, Albert Tévoèdjré évoquait, lui, “la décolonisation du futur” dans cette quête toujours d'actualité d'équilibre dans les relations internationales. Cette quête d'équilibre a été menée — pour le segment de la communication — par un groupe d'experts désignés par l'Unesco, sous la direction de Sean McBride, experts qui ont délivré un constat effarant figurant dans un rapport sur le thème “Voix multiples, un seul monde”, communication et société aujourd'hui et demain.
Dans ce rapport, comme le soulignait alors le Sénégalais Amadou-Mahtar M'bow, ancien directeur général de l'Unesco, “la communication est au cœur de toute sociabilité (...) Grâce à la rapidité des moyens d'information et au réseau de relations de toutes natures, qui se sont tissées à travers le monde, une telle communication a acquis une dimension organiquement planétaire”. Des figures marquantes, telles que Hubert Beuve-Méry et Gabriel Garcia Marquez, ont planché des mois durant sur le déséquilibre — disons plutôt le fossé — existant entre le Nord et le Sud. Déséquilibre au demeurant symétrique au monde de l'économie pour suggérer un nouvel ordre, toujours d'actualité. Utopique ou non, cette revendication demeure au cœur de l'action internationale en ces temps de tourmentes et de crises. Pour avoir une idée concrète de ce déséquilibre, je vous livre des données vérifiables :
1°) 70% de la population mondiale vivent dans les pays en développement qui ne produisent que 20% des produits de la communication. Et dans cette proportion, depuis l'ère de la télévision qui remonte à 1936, la production télévisuelle, qui a bénéficié d'une croissance spectaculaire depuis une vingtaine d'années, n'est que de 5% pour les PVD.
2°) Pour la radio, média le plus répandu de par le monde, et même si la pénétration dans les zones rurales est très importante, la production dans les PVD, comparée à la production mondiale de programmes audio, n'atteint selon les données officielles que 10%.
3°) Pour Internet — à la progression exponentielle connue et reconnue —, le gap est encore très large entre pays développés et pays en développement.
Pour un million de foyers connectés dans les pays industrialisés, on ne compte que 10 000 dans les pays en développement.
4°) Pour la presse écrite, dont le nombre est décroissant par rapport à l'évolution des autres sources d'information (radio-tv et Internet), on peut citer la Suède et le Japon qui arrivent en tête pour le nombre d'exemplaires, soit 600 pour 1 000 habitants, alors que pour l'Afrique, le tirage est le plus faible, soit 14 exemplaires pour 1 000 habitants. Ces quelques données ne sont évidemment pas exhaustives ; elles ne touchent pas tous les autres moyens de communication (le câble, le cinéma, les banques de données, la presse en ligne qui se développe d'année en année). Au vu de ce constat, on peut aisément remarquer que le déséquilibre, autrefois dénoncé pour son inégalité flagrante, n'est pas pour autant corrigé ou même s'il l'est, c'est de façon tout à fait parcimonieuse.
Dans cet ordre d'idées, et dans son immense œuvre corrective, excusez l'euphémisme, l'Unesco a tenté de faire face au déséquilibre en lançant le Programme international de développement de la communication (PIDC). Conçu pour aider les pays en développement à tenter de rattraper le retard, ce programme, financé par des dons volontaires des Etats, vit ses derniers moments avant… l'euthanasie. Pourquoi, me diriez-vous ? Parce que le problème de financement volontaire implique telle une lapalissade une volonté et même une volonté politique. Il n'y a pas d'obligation. Et la rareté des ressources fait qu'il y a forcément rareté dans le financement des projets. Mais la vérité est beaucoup plus amère : les pays développés, les pays riches, refusent d'aider les PVD à se créer un environnement communicationnel parce qu'il éveille les consciences. Ils ont trouvé le paravent : la crise, rien que la crise, mais toujours la crise.
Encore une fois, nous pouvons constater l'hypocrisie qui entoure les “bons sentiments” pour rendre caduque toute velléité d'émancipation des peuples par la communication : ici, on proclame urbi et orbi le droit des peuples à l'information, là on fait le moins en cachant un conflit d'essence idéologique. C'est dire l'ampleur des enjeux planétaires qui sont loin du “principe de la libre circulation” qui a profité en réalité à ceux qui possédaient les meilleurs moyens de communication. Le rapport Sean McBride le soulignait d'ailleurs en indiquant que “sur la scène internationale, les pays puissants et les grosses organisations de fourniture d'information occupent dans certains cas une position prépondérante, qui peut avoir des conséquences néfastes sur le plan économique, social et même politique. Ainsi soutient-on que la doctrine de la “libre circulation” a souvent été utilisée comme un instrument économique et/ou idéologique par les nantis de la communication au détriment des plus démunis”. Vous l'aurez remarqué, le rapport en question évoquait la “position prépondérante” pour contourner le mot “monopole” car, et on le sait assez, le flux Nord-Sud est de loin, de très loin, celui qui caractérise le monde de la communication au point où il faudrait probablement s'interroger pour savoir si “les voix multiples” ne sont devenues dans le concret qu'une “voix unique”. Alors, ce risque de “voie unique” ne peut que renvoyer invariablement vers la question du quoi faire ?
Nous passons ici des enjeux décrits auparavant à travers tous les exemples de déséquilibre criants sous-tendus par la volonté de domination aux défis qui sont les nôtres en tant que société, une société par ailleurs majoritairement jeune portant ses aspirations multiples et ses demandes fortes. Ces défis sont partagés, que nous fassions appel à notre identité culturelle maghrébine ou à notre appartenance africaine, plus globalement encore à nos idéaux tiers-mondistes. Aussi l'heure est-elle à une forme d'introspection pour dégager de nouvelles pistes d'action, innover pour construire nos propres “pare-feux” et placer la communication au centre de nos préoccupations avec nos réalités nationales et notre vision du monde dans le sens de l'ouverture sans reniement, de l'accès au progrès sans remise en cause de nos valeurs culturelles. J'ajoute aussi la nécessaire pédagogie pour séparer le bon grain de l'ivraie dans un milieu journalistique en proie à tous les vents pour se hasarder un peu trop à la légère à s'éloigner de la mission première du journaliste qui est résumée dans une fameuse encyclique :
“Le journaliste doit avoir le doigté d'un médecin, la souplesse d'esprit d'un homme de lettres, la prudence d'un homme de loi et le sens des responsabilités d'un éducateur.”
Vous vous souvenez que dans son dernier message à la famille de la presse à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le président Abdelaziz Bouteflika avait rappelé les garanties que les lois du pays consacraient à la liberté d'expression en annonçant, notamment la révision du code de l'information. Mais le chef de l'Etat avait aussi attiré l'attention sur le “grand défi qui se pose à la presse nationale et qui ne réside pas seulement dans l'acquisition de nouvelles qualifications ou de techniques de pointe”. “Ce grand défi (je cite le Président) se pose également en termes d'ancrage de la culture de la déontologie. Il réside aussi dans l'objectivité à mettre dans le traitement de l'ensemble des questions pour garantir la nécessaire crédibilité et le professionnalisme à même d'assurer respect et continuité.” Il y a, par conséquent, un grand besoin de débats autour de ces questions qui requièrent — nous le savons tous — un consensus solide à même de vaincre les pesanteurs sociales et de tendre vers ce que je qualifierais d'âge adulte de la communication. L'expérience de ces vingt dernières années de pluralisme médiatique dans notre pays doit être vécue pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un important acquis même si, de manière parcellaire et épisodique, on a pu constater l'irruption d'un “droit à la diffamation” dans toute sa subjectivité qui s'est substitué au “droit à l'information” dans toute sa noblesse.
C'est dire si le chemin sera ardu pour construire nos passerelles de dialogue avant d'affronter demain tous les autres défis d'une communication dangereusement à sens unique et parfaire au-delà de tout le dialogue des cultures et des civilisations à même de garantir une société de paix et de concorde, féconde par ses idées pour faire avancer l'humanité entière.
N . M.


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