Ils sont de nombreux foyers, dans la cité Benani et Fils (200 logements) à Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou), depuis le début de l'année en cours, à vivre dans un désarroi particulier dû à l'absence d'eau, et ceci tout au long de la journée et plus de la moitié de la nuit. Autrement dit, ils ne reçoivent qu'un filet d'eau qui coule, momentanément, entre minuit et 5 heures du matin. Le reste du temps, les robinets sont à sec. Et pour cause. Une sévère diminution de la pression d'eau sur le réseau alimentant cette cité, ou une partie de celle-ci. Les locataires des étages supérieurs (4e et 5e), sévèrement pénalisés dans cette situation, en appellent aux responsables concernés en vue d'écouter leur vive détresse. Un des locataires a eu dernièrement la désagréable surprise de perdre plusieurs matelas ainsi que d'autres objets, livres et cahiers de ses enfants, complètement inondés. Son tort est d'avoir oublié un robinet ouvert, alors qu'il veillait, attendant vainement l'arrivée de l'eau, avant de s'assoupir malencontreusement. C'est l'eau elle-même qui le réveilla au petit matin en envahissant son logement, avec les graves dégâts cités plus haut. Un court-circuit électrique fut évité in extremis. Ses enfants, dormant à même le sol, ont eu juste le temps de débrancher la rallonge électrique baignant dans l'eau à laquelle était branchée une lampe de chevet. “De 6 h à 1 h du matin, j'entends dans la tuyauterie de ma maison que des gargouillis aspirants, provoqués chaque fois qu'un des voisins du bas de l'immeuble ouvre ses robinets”, dit Ahcène Mezaguer, un père de famille logeant au 5e étage et subissant ce calvaire. Notre interlocuteur s'interroge : “Que faut-il penser des fanfaronnades de nos responsables en la matière, lorsqu'ils évoquaient dans leur discours la fin du manque d'eau après le branchement au réseau du barrage de Taksebt ? J'avoue que je ne comprends rien. Nous étions mieux alimentés avant l'apport de l'eau du barrage de Taksebt. Cette pénurie permanente n'existait pas avant 2008. Est-ce une “hogra” distinctive ou une distribution sélective?”, se demande encore notre interlocuteur, sans trouver de réponse. Il faut signaler, par ailleurs, que les branchements ont été faits de façon archaïque après le renouvellement des tuyauteries (colonnes) d'alimentation des immeubles, intervenu au lendemain des colmatages des dommages du séisme de mai 2003. Au lieu d'opérer de la façon la plus courante et si pratique, à savoir brancher à partir de la tuyauterie de retour du dernier étage et ainsi progressivement jusqu'au rez-de-chaussée, non ! On a fait l'inverse ! Si l'on avait usé de cette technique adéquate de branchement, chaque locataire de l'ensemble des paliers aurait bénéficié, dans l'équité totale, de la quantité lui revenant d'eau distribuée et ce, quel que soit l'étage où il habite. Mais les “techniciens” de l'ADE, ou leurs sous-traitants, ont préféré user de la méthode de facilité et provisoire. Le “fruit” de ce travail ne génère pas moins aujourd'hui le malheur de dizaines d'habitants qui ne savent plus, depuis ces longs mois de canicule, notamment en ce début du mois de la piété, quoi faire. “C'est vraiment révoltant !”, ajoute un autre locataire du 5e et dernier étage. “Vous pouvez le constater chaque jour, pendant que mes voisins d'en bas arrosaient les arbres de leur jardin, au rez-de-chaussée, moi, au-dessus, j'attends jusqu'à ce que ceux-ci s'endorment, bien après minuit, pour que je puisse passer au remplissage de mes jerrycans. Le comble est qu'au bureau de l'unité de l'ADE, les préposés chefs concernés font semblant de prendre en charge nos doléances. Kun methenni, c'est signalé ”, aiment-ils dire. “Une litanie répétée à tous les locataires venant poser le même problème”. Après lui avoir présenté la situation pour la énième fois, le chef du bureau de cette antenne nous dit, il y a une quinzaine de jours, que “chaque matin, notre service technique vient prendre le cahier de vos doléances” . Plus d'une semaine après avoir noté ce cas, le préposé au service technique de l'ADE, contacté au téléphone, affirmait qu'il n'avait à aucun moment été mis au courant du problème. Il promit alors d'envoyer une équipe le lendemain. Celle-ci en arrivant, quelques jours plus tard et non pas le lendemain, sera orientée vers l'immeuble qui n'a même pas signalé ledit problème, selon des riverains, puis le camion du sous-traitant, avec sa “pompe de soufflage”, croyant que la tuyauterie était bouchée, s'en va en promettant comme toujours de revenir incessamment. Une vingtaine de jours après, en ce début du mois sacré de Ramadhan, les mêmes locataires continuent d'attendre et de crier leur souffrance.