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“L'Algérie, bientôt un pays de circulation active du virus H1N1” Fawzi Derrar, DG du laboratoire de référence OMS de l'Institut pasteur Algérie, à Liberté
À l'approche de l'automne, le virus H1N1, responsable de la grippe A, menace de devenir plus virulent. Au-delà de ce risque, l'Algérie, qui n'a enregistré jusqu'alors que des cas importés (à l'exception de deux sujets contacts contaminés par des proches venus de l'étranger) peut connaître une circulation active du virus alors que la campagne de vaccination est annoncée pour la fin de l'année. Le Dr Fawzi Derrar fait le point de la situation. Plus que jamais, la grippe A, plus connue communément sur l'appellation de grippe porcine, fait les gros titres des médias étrangers et alimente les plus grandes craintes. Aux Etats-Unis, l'on pronostique quelque 90 000 morts, causées potentiellement par le virus H1N1 pendant les saisons automnale et hivernale. En France, l'on s'appesantit sur la meilleure stratégie de vaccination. En Algérie, on en est encore au décompte des cas testés positifs par le laboratoire de référence OMS de l'Institut Pasteur Algérie. Jusqu'alors, 41 personnes se sont avérées réellement atteintes de la grippe A. À l'exception de deux sujets contacts, contaminés par des proches rentrés de l'étranger, tous ont manifesté les signes cliniques de la maladie quelques jours après leur arrivée dans le pays, en provenance essentiellement des Etats-Unis d'Amérique, de France et d'Espagne. Le laboratoire de référence a, toutefois, procédé, depuis le début de l'été, à 380 prélèvements. La statistique est fournie par le directeur général de la structure, le Dr Fawzi Derrar. “Nous nous attendons à un plus grand nombre de cas positifs au virus H1N1 dans les mois à venir”, soutient le virologue. Il explique que le monde n'a vécu, jusqu'à présent, que la phase initiale de la propagation du virus incriminé dans la grippe A. “Généralement, la première vague de contamination est bénigne. C'est la seconde, qui coïncide avec l'automne, qui est dangereuse”, ajoute-t-il. Dans son dernier communiqué, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a, en effet, confirmé que “les indications provenant de multiples sites de flambées démontrent que le virus pandémique H1N1 s'est installé rapidement et qu'il est devenu la souche grippale dominante dans la plupart des régions du monde. Le virus continuant de se transmettre dans les populations sensibles, la pandémie va persister dans les prochains mois”. La rigueur des conditions climatiques pendant l'automne puis l'hiver est propice à la propagation du syndrome grippal. “Le temps d'attaque de la grippe porcine devient plus élevé. Il pourra atteindre 40% de la population dans les pays les plus touchés, à l'instar des USA et du Mexique”, affirme le Dr Derrar. La grande prévalence de la grippe saisonnière, à cette période-là, induit, en outre, le risque de co-infection avec le virus H1N1. Ce dernier est, de ce fait, susceptible de subir des mutations et de devenir plus virulent. “Il faut surveiller de très près l'évolution de ce virus, car rien ne garantit que sa bénignité perdure”, recommande le directeur du laboratoire de référence OMS de l'Institut Pasteur Algérie. D'autant qu'il se dit convaincu que “l'Algérie deviendra, inévitablement, un pays de circulation active du virus. Les réseaux sentinelles, qui sont mis en place durant l'automne et l'hiver, nous donneront plus d'informations à ce propos”. D'après le dernier bilan global de l'OMS, publié le 28 août, le virus H1N1 a infecté au moins 209 438 personnes, dans plus de 177 pays et en a tué quelque 2 185 autres, depuis son apparition en avril dernier. Il est considéré comme le virus de grippe dominant dans le monde, selon l'OMS. “L'observation de la grippe A est faite sur une période qui n'est pas propice à sa propagation. C'est pour cela que l'on craint une plus grande prévalence à l'avenir”, explique le Dr Derrar. Ce qui sous-entend un plus grand nombre de personnes atteintes de la grippe porcine, et donc une pression plus accrue sur les structures sanitaires. “Si ce tableau se précise, le ministère de la Santé révisera certainement sa stratégie et permettra la vente du Tamiflu en officine”, envisage notre interlocuteur. Ainsi, les services de référence des hôpitaux s'occuperont davantage de cas graves, qui seront fatalement admis en soins intensifs. La meilleure parade à l'aggravation de la situation pandémique se profile sous le contour d'une campagne de vaccination à grande échelle. L'OMS conseille, déjà, de commencer par vacciner le personnel médical, les pompiers, les femmes enceintes, les malades chroniques puis par ordre de priorité les personnes âgées, les enfants… Les laboratoires pharmaceutiques ont promis la livraison de millions de doses de vaccin pour le mois de septembre ou au plus octobre. L'Algérie a fait la commande de ce vaccin au laboratoire suisse, Novartis, il y a plusieurs mois. Pourtant, les responsables de la communication du ministère de la Santé, de la population et de la Réforme hospitalière ont déclaré que la vaccination ne sera effective, dans le pays, qu'à la fin de l'année. Une information qui jette l'émoi du côté de la population, consciente qu'elle aurait déjà traversé, d'ici là, la zone de turbulences. La période idoine pour la vaccination serait le mois de septembre, juste avant l'entame de l'automne. Certaines sources médicales avancent que l'Algérie n'a pas commandé des doses suffisantes pour couvrir les besoins de sa population. Le Dr Derrar reconnaît qu'il est préférable de procéder à la vaccination contre le virus H1N1 le plus tôt possible. Il estime, néanmoins, qu'il n'est pas opportun de s'attarder sur ce point-là tant que “les laboratoires pharmaceutiques n'ont pas mis au point un vaccin à l'efficacité prouvée. Les vaccins découverts sont toujours au stade d'essais cliniques”. Il a précisé que pendant cette période, “les autorités sanitaires ont montré qu'elles maîtrisent bien la situation. Il est clair qu'en phase de circulation active, il faudra réajuster la stratégie pour faire face à un virus potentiellement plus virulent”.