L'Algérie dispose de 6,8 millions de doses de Tamiflu, un traitement curatif contre les grippes virales, dont la grippe porcine qui menace de se développer en pandémie. Les spécialistes attestent, néanmoins, que le virus H1N1 est moins virulent que la souche responsable de la grippe aviaire. L'OMS a relevé la cote d'alerte contre le déclenchement d'une pandémie de la grippe porcine de 4 à 5 sur une échelle de 6. La catastrophe sanitaire devient alors plus que probable. D'autant qu'aucun pays n'est à l'abri de l'introduction du virus H1N1 à l'intérieur de ses frontières. L'Algérie est autant menacée que le reste du monde, même si, jusqu'alors, aucun cas confirmé n'est signalé, selon le premier responsable du secteur de la santé. Il n'en demeure pas moins que le pays se prépare à faire face à une probable épidémie. Les autorités sanitaires n'ont certes pas encore atteint un seuil d'inquiétude comparable à celui franchi en 2006, au moment où la grippe aviaire faisait des victimes sans compter dans le monde. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière de l'époque, Amar Tou, avait commandé un stock important du plus efficace médicament contre les grippes virales, le Tamiflu. Avant même que les dernières quantités de ce remède n'arrivent au pays, la pression sur les responsables de la santé publique est tombée en même temps que le risque de la grippe aviaire diminuait. Avec l'apparition d'une nouvelle forme de grippe virale, le successeur d'Amar Tou peut se frotter les mains. Il a la latitude de préserver le budget alloué à son département tout en garantissant, à la population, la disponibilité des médicaments traitant le virus responsable de la grippe porcine. Le directeur de la communication au ministère de tutelle a confirmé que l'Algérie dispose de 6,8 millions de doses de Tamiflu, avec des délais de péremption assez larges (deux à trois ans). 16 millions de masques presque autant de lunettes pour mettre à l'abri le nez, la bouche et les yeux, organes par lesquels le virus se transmet plus aisément d'homme à homme, sont également disponibles. Il reste à savoir si les responsables du secteur sanitaire sont effectivement en mesure de faire face à une importante épidémie de maladies virales, et ce, indépendamment de ce qu'elles détiennent comme réserves en médicaments et consommables. Au niveau du ministère de la Santé, l'on assure que des instructions ont été données aux gestionnaires et équipes médicales des hôpitaux et organismes de santé pour se préparer au pire. Une commission ad hoc a été installée, la semaine dernière, pour suivre le développement de la grippe aviaire dans le monde et identifier rapidement le moindre cas suspect dans le pays. Jusqu'à présent, dix-sept personnes sont décédées du virus de la grippe porcine dans le monde, alors que le nombre de cas confirmés est de 615, selon le dernier bilan fourni par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Mexique, foyer originel de l'épidémie, le virus H1N1 a déjà tué 16 personnes sur les 397 contaminées, tandis que les Etats-Unis comptent un mort pour 141 cas avérés. La grippe s'est déclarée, en outre, au Canada avec 34 cas, l'Espagne et la Grande-Bretagne avec 13 cas chacune, la Nouvelle-Zélande et l'Allemagne (4 cas chacune) et Israël (2). L'Autriche, les Pays-Bas, la Suisse, la Chine (Hong Kong), le Danemark, la France et la Corée du Sud ont enregistré, au jour d'aujourd'hui, un cas chacun. Les experts attestent, toutefois, que le virus H1N1, responsable de la grippe porcine, est nettement moins virulent que celui qui a causé la grippe aviaire. Il faudra, toutefois, au moins trois mois avant qu'un vaccin contre ce virus ne soit découvert. Pour l'heure, les personnes atteintes sont principalement soignées au Tamiflu. Souhila H.