L'essentiel a été dit sur les restaurants de la rahma, ces établissements qui ouvrent pendant le mois du ramadhan pour offrir le repas de rupture de jeûne aux personnes nécessiteuses. Pour la plupart, ces restaurants du ramadhan sont d'initiative privée et fonctionnent sur la base d'un financement et d'un approvisionnement charitables. Mais, pour être prêt, chaque jour, à servir ces milliers de repas, il fallait que des hommes et des femmes sacrifient leur temps à gérer le restaurant, préparer les nourritures et entretenir les lieux et les matériels. La plupart des personnes engagées dans cette œuvre de solidarité sont des bénévoles. Qui sont donc ces bénévoles et d'où viennent-ils ? Ce sont tout bonnement des jeunes dont la plupart ont la vingtaine. À cet âge, l'insouciance et la spontanéité sont la règle d'or, mais contrairement aux préjugés, ils font preuve de générosité en se donnant toute la journée, et ce, sans rien attendre au retour. Au restaurant de la rahma tenu par le croissant-rouge algérien au boulevard du 1er-novembre à Alger, une dizaine de bénévoles travaillent quotidiennement dans une ambiance où des émotions fortes sont au menu. “Il faut veiller à ce que tout soit parfait, nous ne devons laisser aucun détail nous échapper, car c'est une lourde responsabilité. En effet, les personnes qui viennent doivent ressortir satisfaites de notre établissement”, a déclaré Walid Aïssi, responsable de ce groupe de bénévoles. Dans un programme établi, chaque personne connaît son poste, l'un s'occupe de la cuisine, l'autre des courses, du service et pour chaque activité deux à trois bénévoles s'entraident. Comme le restaurant appartient à un particulier, le personnel est resté pour cuisiner gratuitement. Ce qui renforce le travail dans ce restaurant. La plupart de ces jeunes ont commencé à l'université à faire du bénévolat et à régler les problèmes qui surviennent dans le campus. Pour le restaurant de la rahma, les premiers volontaires ont agrandi le cercle des bénévolats. Chacun a commencé à ramener un ami. “Cela fonctionne de bouche à oreille”, nous dit-on. Ce qui est surprenant, c'est de trouver des personnes de différents milieux, étudiants, chômeurs, fonctionnaires, personnes mariées... En effet, pour la bonne cause et afin de servir leur prochain, ils laissent leurs familles pour s'occuper des démunis. Parmi ces personnes qui travaillent dans l'anonymat, on peut citer Hanni Hamidou : fort sympathique, âgé de 24 ans, il est membre de la fondation du croissant-rouge depuis neuf ans. ingénieur en commerce international, ce jeune s'occupe de plusieurs activités comme les courses, la cuisine et à l'instar de ses collègues, l'essentiel est d'aider les gens à passer un tant soit peu un agréable ramadhan. “Si je le fais, c'est dans le seul but de contribuer à faire du bien, et ma satisfaction est de voir les gens sortir avec un grand sourire”, a-t-il confié. Par ailleurs, la plupart d'entre eux participent à d'autres œuvres caritatives comme la soupe d'hiver. Malgré le stress, la peur de ne pas finir dans les temps, mais surtout que tout le monde soit bien servi ; une ambiance très bon enfant règne dans l'établissement. il faut souligner que plusieurs bénévoles travaillent parallèlement dans d'autres associations. C'est le cas de Fatiha Deriche, éducatrice, qui a intégré le croissant-rouge en 2000. “Je le fais pour le bon dieu, pour apporter de l'aide aux gens nécessiteux. Durant le ramadhan, c'est un mois sacré, nous souhaitons leur procurer une chaleur familiale”, a-t-elle déclaré. Le mois sacré du ramadhan est une fête familiale et les femmes bénévoles affrontent des problèmes familiaux. “Au début, j'ai eu de nombreux problèmes avec ma famille, mais maintenant cela s'est arrangé. À la fin du ftour, je ressens une satisfaction morale qui me fait oublier mes douleurs physiques, en plus nul n'est à l'abri du besoin”, a témoigné Fatiha. Une autre jeune fille fait partie de cette petite famille de bénévoles depuis déjà 2005. Sabrina Toualbi, interprète âgée de 25 ans. Depuis l'université, elle consacre son temps à cette catégorie de personnes. Malgré son jeune âge, cette jeune fille puise son énergie dans cette devise. “je pense qu'il n'existe pas plus noble tâche que d'aider ses semblables”, a-t-elle dit. Très sensible à son environnement et surtout à la souffrance des démunis, elle n'hésite pas à leur fournir son aide. “à chaque fois que je les vois partir, je constate la différence, et là, je sais que nous sommes pour quelque chose”, a-t-elle dit. Dans chaque fourmilière, il y a un meneur pour guider la troupe et donner des ordres dans le calme. Le responsable du groupe Walid Aïssi, 25 ans, financier, appartient à la confrérie depuis 2004. “Faire du bénévolat est un besoin, pour aider les gens. Au début, ce n'était pas facile, mais là, je ne peux passer ramadhan sans ma deuxième famille”, a avoué Walid. Après une dure journée de labeur, et après le départ des gens soigneusement servis durant le ftour, les bénévoles peuvent enfin manger. Place au programme du lendemain.