Washington a finalement décidé de renoncer pour l'instant à juger devant des tribunaux militaires d'exception certains prisonniers britanniques et australiens détenus sur la base de Guantanamo à Cuba, un projet qui avait suscité de nombreuses critiques à l'étranger. Ces procédures vont être suspendues dans l'attente de discussions bilatérales entre Washington et leurs pays respectifs, a annoncé vendredi passé la Maison-Blanche, au lendemain d'une visite du Premier ministre britannique, Tony Blair, à Washington. “Dans l'attente de ces discussions, le président (George W. Bush) a décidé de n'entamer aucune procédure devant des tribunaux militaires spéciaux contre des ressortissants britanniques”, a déclaré son porte-parole Scott McClellan dans un communiqué. “De la même façon, les Etats-Unis n'entameront pas de procédures contre les ressortissants australiens dans l'attente de discussions avec des experts judiciaires australiens la semaine prochaine”, a-t-il ajouté. Un porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair, qui avait abordé jeudi dernier ce dossier avec M. Bush, avait annoncé un peu plus tôt que les poursuites américaines contre les détenus britanniques allaient être suspendues. Les Etats-Unis avaient annoncé début juillet leur intention de faire comparaître devant des tribunaux militaires d'exception 6 prisonniers de Guantanamo, dont 2 Britanniques et 1 Australien. Au total, 9 Britanniques et 2 Australiens figurent parmi les détenus à Guantanamo, certains depuis 18 mois. 680 présumés talibans ou membres d'Al-Qaïda étaient jusqu'à présent détenus à Cuba, a déclaré vendredi un porte-parole de la base, le lieutenant-colonel Barry Johnson. Une délégation britannique dirigée par le ministre de la Justice, Lord Alexander Irvine of Lairg, se rendra à Washington en début de semaine prochaine, a précisé M. McClellan. “Le président et le Premier ministre sont confiants dans le fait que leurs experts pourront se mettre d'accord sur une solution qui donne satisfaction aux intérêts mutuels des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne”, a encore indiqué le porte-parole présidentiel. Il y a une semaine, le porte-parole de M. Blair avait déclaré que Londres et Washington discutaient d'un éventuel “rapatriement” de tous les prisonniers britanniques détenus à la base américaine de Guantanamo. “Nous discutons actuellement d'un certain nombre de dossiers avec l'administration américaine, dont le rapatriement, et ces discussions sont toujours en cours”, avait-il dit, en précisant que ces négociations portaient sur le rapatriement de “tous les détenus” de nationalité britannique. Plus de 200 députés britanniques avaient signé le 9 juillet une motion demandant le rapatriement des détenus britanniques afin qu'ils puissent bénéficier d'un procès équitable. Le gouvernement britannique avait de son côté exprimé de “fortes réserves” face au procès militaire et son “opposition fondamentale” à la peine de mort, si celle-ci était envisagée.