Si l'annonce de l'abandon par les Etats-Unis du bouclier antimissile en Europe centrale ne passe pas bien en Pologne et en République tchèque, elle satisfait la Russie. Une nouvelle ère dans les relations internationales, n'ont pas manqué de souligner les analystes. Et l'Otan, par la voix de son secrétaire général, de tendre la main la Russie pour renforcer leur partenariat. Son secrétaire général, le Danois Rasmussen, a ainsi fait trois propositions à Moscou : examiner immédiatement un renforcement de la coopération Otan-Russie dans tous les domaines d'intérêt commun (lutte contre le terrorisme, prolifération des armes de destruction massive et stabilisation de l'Afghanistan), rétablir une confiance ébranlée par des divergences graves sur l'élargissement continu de l'Otan à l'Est en revitalisant le Conseil Otan-Russie, l'organe de consultation entre l'Alliance atlantique et Moscou et, enfin, passer en revue ensemble les nouveaux défis sécuritaires du XXIe siècle. De quoi réjouir les autorités moscovites. En échange de la refonte de son projet de bouclier antimissile, Washington aurait obtenu de Moscou une position plus ferme sur le programme nucléaire iranien, selon le journal russe Kommersant. Les Etats-Unis ont également réclamé que la Russie renonce à vendre à Téhéran son système de défense antiaérien S-300, que Téhéran souhaite déployer autour de ses installations nucléaires. Rasmussen a confirmé ce marché en demandant officiellement à a Russie de se joindre aux Occidentaux pour exercer un maximum de pression sur l'Iran, afin que Téhéran abandonne ses ambitions nucléaires et balistiques. L'ambassadeur de Russie à l'Otan a qualifié les offres de l'Otan de très positives et constructives. Les rumeurs selon lesquels le président russe, Medvedev, se serait engagé auprès du président israélien Shimon Peres et du premier ministre israélien, qui se sont récemment rendus à Moscou, tour à tour, à réexaminer la vente prévue de missiles antiaériens russes S-300 à l'Iran, sont donc vraies. Selon Peres, la Russie ferait tout pour “empêcher” l'Iran d'entrer en possession de l'arme nucléaire et il n'a pas été démenti par le Kremlin. Il reste qu'en annonçant l'abandon du système antimissile américain destiné à être installé en Europe centrale, Obama n'a pas seulement fait preuve de bon sens, il a aussi ouvert la voie à des évolutions stratégiques significatives, y compris avec l'Iran dont le président Ahmadinejad a mis en bémol, lors de son dernier discours, vendredi, son bombage de torse sur ses prétentions nucléaires. Téhéran a même invité les six, les cinq du conseil de sécurité plus l'Allemagne, à reprendre les pourparlers. Seules la Pologne et la Tchéquie, qui devaient accueillir les installations antibalistiques américaines, trouvent que leur solidarité avec les Etats-Unis de George W. Bush est bien mal payée de retour.