Les premières pluies d'automne ont mis au grand jour, à Annaba, à la fois les lacunes et le bricolage de certaines entreprises de réalisation versées dans l'hydraulique. De nombreux quartiers populeux d'Annaba, entre autres Ausas, Seybouse, la Colonne, Bourmet El-Gaz et Bouzered-Hocine, étaient impénétrables depuis deux jours. Certains habitants n'ont pas fermé l'œil depuis deux jours et deux nuits. Même certains quartiers huppés, à l'image de Chapuis, qui n'ont jamais été confrontés au problème des d'inondations, n'ont pas été épargnés. Hier, où les conditions météorologiques se sont améliorées, la place a été cédée aux protestations. Le cœur de La Coquette a été l'objet de violentes manifestations. Les épaisses fumées des pneus et autres matières inflammables étaient visibles partout dans les quartiers cités plus haut. Aucune autorité n'a daigné se déplacer pour discuter avec les populations en colère. Seuls les agents de la Protection civile, auteurs de 160 opérations d'intervention en 24 heures, et les éléments de la police tentaient de faire face à des foules déchaînées. Les dégâts matériels sont annoncés partout dans la ville. À Oued-Forcha, plus d'une trentaine de véhicules ont été endommagés et emportés par les eaux de pluies. À Chapuis, on indique qu'au moins quelque 200 voitures touristiques sont englouties au niveau du sous-sol d'un parking. Au seul bidonville de Sidi Harb, elles étaient plus de 26 familles en difficulté qui ont été évacuées par les éléments de la Protection civile vers d'autres sites plus cléments. Partout à Annaba, les entreprises en charge de la pose des canalisations des eaux domestiques et pluviales, un projet qui a nécessité plus de 600 milliards de centimes, et surtout le directeur de l'hydraulique, ont été manifestement pointés du doigt. D'ailleurs, c'est le même avis aussi bien des comités de quartiers que du maire d'Annaba qui ont décidé de poursuivre ces entreprises de réalisation en justice. “Nous exigeons des enquêtes approfondies sur le directeur de l'hydraulique et les cinq entreprises qui ont assuré les travaux, à savoir Bouchareb, Ghimouz, basées à Annaba, Haddad et Berkane de Batna et Benani de Biskra. Ce responsable, qui occupe ce poste depuis plus d'une décennie, a ouvert de nombreux chantiers à Annaba qui ont été attribués uniquement à ces cinq entreprises, qualifiées de privilégiées. Pour être livrés dans des délais record, ces travaux ont été exécutés à la hâte avec la complicité des services techniques du service hydraulique”, dénoncent des comités de quartier. L'Association pour la protection de l'environnement et de la lutte contre la pollution avait pourtant alerté les autorités sur les dangers qu'encourt la ville d'Annaba. B. BADIS