Cette dure mission a été confiée à un bureau d'études français, Safege, expert en la matière, pour un montant de 360 millions de DA. L'étude sera prête dans une année et devra permettre, d'abord l'identification des unités industrielles polluantes, ensuite le mode de procédés de traitement des rejets que chacune d'entre elles usent. La pollution, à Annaba, qui a fini par empoisonner la vie quotidienne des habitants — car le danger n'est plus menaçant ou imminent, il est quasi-présent et en permanence — a enfin éveillé l'intérêt des pouvoirs publics. De l'avis de tout le monde, le danger aujourd'hui à Annaba s'appelle l'embouchure de la Seybouse qui déverse des quantités de déchets toxiques, lesquelles ont transformé la zone de Sidi-Salem, où se jette l'oued, en un véritable dépotoir de nuisances mortelles. Selon des sources crédibles, la totalité des eaux résiduelles de l'oued Seybouse, un bassin de 6 400 km2, va à la mer sans être épurée. Cela après moult hésitations, malgré les appels à la protection de la faune et de la flore du bassin versant de l'oued Seybouse, qui prend ses sources à partir des hautes plaines de la région d'Aïn-Beïda. “De ce fait, il est devenu urgent de prendre toutes les mesures qui s'imposent afin d'appliquer les lois en vigueur concernant la protection du littoral dans toute sa rigueur et surtout agir dans les plus brefs délais pour procéder à la dépollution de l'oued Seybouse et la récupération des eaux au profit des agriculteurs”, a estimé le responsable de la direction de l'environnement de la wilaya d'Annaba. Ainsi, nous apprenons que les autorités de la wilaya viennent de lancer une étude, laquelle sera assurée par Safege, un bureau d'études français expert en la matière, pour un montant de 360 millions de DA. Prête dans une année, cette étude devra permettre d'abord l'identification des unités industrielles polluantes et ensuite le mode de procédés de traitement des rejets que chacune d'entre elles usent. Selon des sources proches du dossier, et afin de mieux cerner, localiser et évaluer le problème de pollution de la Seybouse, les experts français en charge de cette mission très délicate auront à décortiquer les différents caractères de traitement de la pollution par zone d'activité industrielle. Les investigations de cette étude cibleront toute la partie en aval de l'oued Seybouse, dont le bassin versant traverse quatre wilayas (Annaba, El-Tarf, Guelma, et Souk-Ahras). Désigné dans un passé récent par des hauts responsables centraux comme étant le plan d'eau le plus pollué actuellement du pays, la côte annabie détient le triste record de la région la plus polluée d'Algérie. Ainsi, le littoral annabi, long de 80 km, qui était considéré comme étant le plus poissonneux, notamment en poisson blanc, à fait l'objet ces trois dernières années de deux incidents majeurs : 160 000 litres d'huiles de vidange ont été déversés dans une fosse de 40 mètres et 3 000 litres d'huiles ont été renversées par le camion d'un particulier dans l'oued Seybouse. À ce sujet, on affirme qu'un litre d'huile pollue une surface équivalente à un terrain de football. Pour sa part, le commissariat régional du littoral de la région d'Annaba avait tiré la sonnette d'alarme sur la pollution de l'oued Seybouse qui traverse la wilaya d'El-Tarf sur une distance de 40 km environ avant de se déverser en mer. De son côté, M. Halimi, président de l'Association nationale pour la protection et de lutte contre la pollution, a indiqué que le bassin de la Seybouse est confronté chaque jour à plusieurs polluants industriels et urbains émanant des différentes villes (68 communes de 7 wilayas) et usines (quelque 250), situés sur les deux rives. La pollution est arrivée, selon lui, à un degré élevé annonçant les prémices d'une catastrophe écologique réelle. Il a révélé, dans ce contexte, que “sur les 4,5 millions m3 de polluants industriels rejetés quotidiennement dans cette rivière, 3 millions de m3 sont des huiles usagées”. En raison des agissements néfastes de nombreuses sociétés polluantes qui échappent pour le moment à tout contrôle, l'embouchure de la Seybouse représente un véritable catalyseur de déchets de toute sorte. Nous sommes en présence d'un conglomérat de liquide visqueux et vaseux renfermant des vecteurs de maladies infectieuses. Mais là que le bât blesse, selon des riverains, c'est le fait de voir toute une population de jeunes s'agglutiner le long du rivage de la plage de Sidi Salem pour s'activer à la récupération de tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un marchandage. L'oued Seybouse représente non seulement une source d'approvisionnement en eau des usines, mais également un réservoir pour les rejets polluants de ces mêmes usines. Des études réalisées ces dernières années par des universitaires, notamment ceux de la filière des sciences de la terre, ont montré que les eaux de l'oued Seybouse ont atteint un degré de pollution inquiétant suscitant des risques majeurs sur l'agriculture, la nappe phréatique et la santé publique. Les lois relatives à la protection de l'environnement et l'effort de mise à niveau des entreprises industrielles n'ont pas permis jusqu'à présent une maîtrise de la pollution. Le projet de dépollution du bassin versant de l'oued Seybouse, s'il venait à être concrétisé, représente une solution durable à ce fléau, tout comme la station d'épuration des eaux usées de Lallelick devant être livrée au départ au courant du premier trimestre de l'année 2010. Avec ces deux réalisations, le milieu naturel sera préservé des dangers de la pollution, à l'instar du secteur de l'agriculture qui va enregistrer un nouvel apport en eau destinée à l'irrigation.