Le Salon international du livre d'Alger est dorénavant organisé par le ministère de la Culture, contrairement aux années précédentes où l'Anep se chargeait de mettre en place ce grand rassemblement du livre. À cet effet, Smaïn Amziane, a été nommé commissaire général de la 14e édition du Sila qui se tiendra du 27 octobre au 5 novembre prochain. Dans cet entretien, M. Amziane revient sur les grandes lignes du programme mis en place, ainsi que sur la particularité de cette édition qui ne portera pas de slogan, et célèbrera la Palestine et l'Afrique. Mais l'évènement le plus important est que le Sila change de lieu. Liberté : Quel est le niveau de la participation nationale et étrangère ainsi que la qualité des participants, dans un contexte troublé par certaines mesures de la LFC ? Smaïn Amziane : Je dois d'abord préciser que la loi de finances complémentaire n'entre aucunement en ligne de compte, s'agissant du Sila, dans la mesure où la participation étrangère est régie par les dispositions législatives en vigueur exonérant des droits et taxes douanières et fiscales les ouvrages entrant en admission temporaire pour être exposés et mis en vente dans les stands des éditeurs internationaux au Sila. Par conséquent, le problème ne se pose pas en l'occurrence et n'est donc d'aucun effet sur la participation étrangère. Cela dit, en ce qui concerne le niveau de participation tant étrangère que nationale à cette 14e édition du Sila, qu'il me suffise de vous indiquer qu'à l'heure où je vous parle, les surfaces d'exposition affectées aux éditeurs-exposants totalisent 8 501 m2, le nombre d'éditeurs participants étant de 120 pour les nationaux et 274 pour le monde arabe (en tout onze pays), 60 pour l'Europe (six pays) et 15 pour l'Afrique (dix pays). Le total des éditeurs exposants attendus est de 469. D'autre part, des espaces sont affectés à titre gracieux à des institutions, associations et autres organismes culturels. Quelles sont les nouveautés de ce 14e Sila qui ne portera pas de slogan cette année, mais qui célèbrera l'Afrique (année africaine), et la Palestine (“El Qods, capitale éternelle de la culture arabe”) ? ll Il est inutile à mon sens qu'une manifestation de caractère culturel et commercial comme le Salon international du livre soit revêtu d'un slogan. La raison d'être et les objectifs du salon sont notamment d'offrir au citoyen algérien la possibilité de découvrir la production récente des éditeurs aussi bien nationaux qu'étrangers, de rencontrer des auteurs au cours de ventes-dédicaces et de parfaire leurs connaissances et leur culture générale à la faveur du programme d'activités culturelles annexé au Salon et qui accueillera cette année de nombreux intellectuels du monde arabe, d'Afrique, d'Europe et bien entendu d'Algérie. Par conséquent, un slogan – quel qu'il soit – risque d'être de pure forme ou carrément réducteur en raison de ses objectifs ouverts. C'est la raison pour laquelle nous y avons renoncé. Néanmoins, nous avons retenu des centres d'intérêt et, pour cette année, ainsi que vous l'avez noté, l'accent est mis sur la solidarité avec le peuple palestinien qui, pour nous, symbolise une cause juste et porte un gisement intellectuel, culturel et civilisationnel qu'il n'est pas nécessaire de rappeler. Faut-il aussi réitérer que cette année est celle d'El-Qods, capitale de la culture arabe ? Bien sûr, ce centre d'intérêt se traduira par la présence de la production éditoriale palestinienne mais également par la participation d'hommes de lettres et de poètes palestiniens au programme culturel du salon. L'autre centre d'intérêt est constitué par l'aménagement d'un espace d'exposition et d'animation baptisé “Esprit Panaf” qui, entre autres, permettra à l'édition africaine d'être présente à travers la participation d'éditeurs d'une dizaine de pays du continent à des rencontres sur différents thèmes liés au livre et à la production éditoriale ainsi que de l'exposition de leurs publications, de même qu'il donnera l'occasion aux auteurs africains ayant pris part à la résidence d'écriture organisée cet été à Alger, dans le cadre du Panaf, de faire le point de cette expérience. Quel est le programme d'animation que vous proposez et qui sera présent comme invités de marque ? ll Bien entendu, un programme d'animation culturelle a été mis sur pied auquel une équipe composée à cet effet est en train de porter les dernières retouches, afin de le rendre public bien avant l'ouverture du salon. Outre les volets que j'ai noté dans ma réponse à votre deuxième question, à savoir ceux consacrés à la Palestine et à l'Afrique, je signale l'hommage que rendront à Francis Jeanson des intellectuels algériens, avec la participation de personnalités algériennes qui ont connu ce grand militant de la révolution armée. Par ailleurs, des tables rondes et des conférences-débats sur des thèmes en relation avec l'édition, la critique littéraire, les questions d'actualité, seront délivrées durant tout le salon, à quoi s'ajoutent des récitals poétiques et des présentations d'ouvrages. Pour cela, quelque quatre-vingt-dix invitations ont été adressées par le comité d'organisation à des personnalités du monde arabe, d'Europe et d'Afrique, outre de nombreux intellectuels, universitaires et hommes de lettres algériens résidant sur le territoire national ou à l'étranger. À l'heure actuelle, nous sommes en attente des dernières confirmations avant la finalisation du programme. Bien entendu, si le profil général des invités est à la mesure de ce grand événement, des personnalités marquantes sont attendues à Alger en la circonstance. Je noterais, enfin, la programmation d'une rencontre professionnelle consacrée à l'édition au féminin qui mettra en présence des femmes éditrices du monde arabe, du Maghreb et d'Afrique. Nous avons lu la semaine dernière dans un quotidien que le Sila changerait éventuellement de lieu : de la Safex au complexe Mohamed-Boudiaf. Alors info ou intox ? ll De fait, le Salon international du livre d'Alger qui est placé sous le haut patronage du président de la République est, désormais, organisé sous l'égide du ministère de la Culture, à l'instar de tous les grands rendez-vous culturels érigés en festivals internationaux dans l'esprit et la lettre du décret exécutif n° 297-03 du 10 septembre 2003 relatif à l'organisation des festivals culturels. L'organisation est effectivement confiée à un commissaire désigné par la ministre de la Culture dont la mission consiste à mettre en place l'ensemble des éléments propres à garantir le bon déroulement de la manifestation. C'est dans ce cadre qu'il a été décidé, en plein accord avec le ministère de la Culture, d'implanter la 14e édition du Sila dans l'enceinte du Complexe olympique d'Alger où toutes les dispositions ont été prises pour qu'elle se tienne dans les meilleures conditions. Dans un autre contexte, le Syndicat national des éditeurs du livre (Snel) parle d'un conflit ouvert avec vous, que se passe-t-il réellement ? ll En ce qui me concerne, en tant que chef d'entreprise et en tant que commissaire du Salon international du livre d'Alger, je n'ai de conflit avec personne, je n'ai pas le temps et la disponibilité à consacrer aux procès d'intention et autres expressions de pure malveillance et de subjectivité exacerbée. S. K.