Contribution n Smaïn Amziane, commissaire du salon international du livre d'Alger, s'exprime, dans cet entretien, sur le salon international du livre, notamment sur les derniers préparatifs. InfoSoir : Où en est-on côté préparatifs ? Smaïn Amziane : Les derniers détails, c'est l'arrivée des bateaux qui sont déjà là sur Alger. théoriquement, tout est fin prêt. Les internationaux seront présents en force à cette manifestation où est prévu un programme d'animation culturelle très chargé et où la Palestine est l'invitée d'honneur. Il est prévu également un espace consacré à l'édition et à la littérature africaine. A signaler que la romancière Ahlem Mostaghanemi sera là, un hommage lui sera rendu, tout comme à Francis Jeanson, disparu récemment, avec Ali Haroun, Omar Boudaoued et d'autres compagnons de Francis Jeanson. Au niveau matériel, voire logistique, les chapiteaux seront prêts dans deux ou trois jours. 80% de l'aménagement de l'esplanade du 5-juillet sont réalisés. Le montage des stands a commencé hier. Théoriquement, tout sera livré le 20 de ce mois. On travaille en étroite collaboration avec l'administration des douanes qui, cette année, était très disponible et à l'écoute. Elle a mis en place tous les moyens susceptibles de faciliter le dédouanement des ouvrages étrangers. Qu'est-ce qui fait la réussite d'un Salon ? La réussite d'un salon, c'est le public, tout d'abord. Quand le public répond présent, cela veut dire que le salon a été attractif. Attractif, d'une part, par le nombre et la qualité des maisons d'édition présentes et, d'autre part, par l'animation culturelle qui gravite autour, à savoir les conférences, les ventes dédicaces, les débats autour du livre et des différentes thématiques proposées. Changer de lieu. Cela ne relève-t-il pas d'un défi ? Le mot défi est trop fort. Le ministère a placé la barre un peu haute, ce qui est d'ailleurs normal. Le ministère m'a confié cette mission, mais avec des instructions très claires, à savoir toiletter le salon, qu'il ne devienne plus un bazar, mais un salon professionnel, où il n'y aura que des éditeurs, des écrivains et des conférenciers, c'est-à-dire où il n'y aura que les professionnels du livre qui, d'une part, répondent aux besoins du grand public et, d'autre part, aux attentes de la communauté estudiantine qui vit autour du salon. Et avec une animation assez cosmopolite. Nous étions obligés de changer de lieu, et peut-être que cela aura des résultats positifs. Ce n'est pas à moi de juger. C'est d'abord les opérateurs ou les éditeurs, en espérant qu'il va y avoir une qualité de service. Mais le vrai juge sera le public. Quelle place occupe le Sila sur la scène internationale ? Il occupe une place prépondérante. C'est l'un des salons les plus fréquentés dans le monde arabe. Comme je viens de le dire, la réussite du salon, c'est la fréquentation. Et nous avons un public assidu. Il répond présent. Il arrive à économiser pendant toute l'année pour essayer d'acheter les ouvrages qu'il cherche. Que pensez-vous du parcours du Sila, de 2002 à nos jours ? Je n'ai pas à juger les éditions précédentes. Ce que je peux dire, c'est que le Sila prend un autre virage dans la modernité, la clarté. Ce sont des instructions qui m'ont été assignées, à savoir recadrer, recentrer le salon. Ce n'est pas propre à l'Algérie. Tous les pays du monde revoient leur copie au bout de quatre ou cinq éditions, pour moderniser, réorganiser... l La nouveauté dans cette présente édition du Sila, c'est la présence africaine. «Un stand de 100 m est dédié à l'Afrique, et c'est la première fois où les éditeurs africains sont présents au salon du livre», dira Smaïn Amziane, et de préciser : «on mettra au devant et à l'honneur l'édition africaine – tout comme la littérature. Pour qu'il y ait des échanges Afrique-Afrique et Afrique-Europe. Et ce sera aussi un carrefour important d'échanges entre les différents participants, à savoir les éditeurs d'Europe, d'Afrique et des pays arabes. C'est donc la première fois que l'Afrique sera à l'honneur lors de ce salon du livre, et j'espère que ce sera, à l'avenir, une tradition, et que l'édition africaine sera présente, ici à Alger, pour faire connaître et promouvoir sa culture, ses ouvrages et ses auteurs.» Interrogé sur l'édition africaine, le commissaire répondra : «il y a un problème avec l'édition africaine», et d'expliquer : «parce qu'elle n'arrive pas à se développer chez elle, en raison du manque de moyens et d'infrastructures. La plupart des écrivains sont contraints de s'expatrier en quête de reconnaissance dans la mesure où le marché ne répond pas, le public ne répond pas. Et justement, c'est par rapport à cela que nous avons envisagé un espace consacré à l'édition africaine. Car il ne faut pas oublier que nous sommes Africains.» S'exprimant ensuite sur la manière dont participent certains pays, tels que le Brésil, le Chili ou autres, Smaïn Amziane indiquera : «ils participent à travers des éditeurs, des ouvrages – il y en aura un certain nombre en français» – et d'expliquer : «il ne faut pas oublier ou exclure les minorités, à savoir les étudiants, les ressortissants étrangers. Eux aussi ont besoin de livres que ce soit en portugais ou en espagnol, des livres qui ne sont pas nécessairement en arabe ou en français. C'est un salon diversifié et dont le but est de répondre aux besoins du lectorat et aux attentes du public.»