Selon une source gouvernementale algérienne, sous le couvert d'anonymat, le président algérien et son chef de la diplomatie ont refusé de rencontrer leurs homologues français en marge de la 64e Assemblée générale de l'ONU le mois écoulé à New York, pour marquer la désapprobation d'Alger vis-à-vis de la politique algérienne de l'Elysée. Aucun signe d'embellie entre l'Algérie et la France ne se profile à l'horizon, si l'on en juge par les déclarations d'un haut responsable algérien au quotidien londonien Al-Quds al-arabi d'hier. La plus importante révélation est le refus du président algérien de rencontrer à New York Nicolas Sarkozy dans le cadre des nombreuses rencontres qui se déroulent entre les nombreux dirigeants du monde présents à cette occasion. Pour rappel, Bouteflika avait eu des entretiens avec d'importantes personnalités, dont notamment les présidents des deux superpuissances, l'Américain Barack Obama et le Russe Dimitri Medvedev. Même le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a évité tout contact avec le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Selon la source d'Al-Quds al-arabi, cette position algérienne est motivée essentiellement par des raisons économiques. L'absence d'investissements français irrite Alger En effet, Alger est fortement déçu par le fait qu'aucune entreprise française n'a effectué de véritables investissements en Algérie, continuant à profiter uniquement du marché algérien sans plus. En effet, les sociétés de l'Hexagone n'ont pratiquement pas fait d'investissements directs en Algérie. Dans ce cadre, le responsable algérien annoncera que les autorités algériennes, qui ont refusé de faire cas de cette situation et d'attendre davantage, sont déterminées à ne compter que sur leurs propres ressources pour effectuer les investissements dont a besoin l'économie algérienne. D'ailleurs, les mesures de protection de l'économie algérienne prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 n'ont guère été appréciées à Paris, qui n'a pas caché son mécontentement. À ce propos, l'interlocuteur du quotidien londonien indiquera que l'Algérie n'a pas résilié le contrat de la firme française Suez, bien qu'elle pût le faire car ses cadres au sein de cette société peuvent désormais gérer ce secteur sans la moindre difficulté après le savoir-faire acquis. Cela est venu exacerber la tension déjà existante entre les deux parties. L'accord du nucléaire civil au point mort La non-concrétisation sur le terrain de l'accord sur le nucléaire civil est un autre signe, qui ne trompe pas sur l'absence de volonté du côté français d'améliorer réellement les relations bilatérales. Deux années après la signature du contrat, lors de la visite du président Sarkozy à Alger, Paris n'a rien fait pour faire avancer les négociations entre les deux parties. Pis, les négociateurs français n'ont pas répondu à l'attente de leurs vis-à-vis algériens, désireux d'aller au-delà de la simple acquisition de la technologie nucléaire, à travers la formation de cadres algériens et un véritable transfert de technologie. Cela a été bien sûr refusé par la France, visiblement guère disposée à transmettre à l'Algérie le savoir-faire. N'étant nullement intéressée par l'offre sans lendemain des Français, Alger attend toujours du concret. Il ne fait pas de doute, qu'il ne s'agit que d'un manque de volonté évident de l'Elysée de faire avancer ce dossier, auquel le gouvernement algérien accorde une importance particulière. L'UPM, l'autre grief de Paris Le peu d'enthousiasme affiché par les responsables algériens envers le projet cher à Nicolas Sarkozy, qu'est l'Union pour la Méditerranée, est l'une des raisons de la cassure entre la France et l'Algérie. Le chef de l'Etat français n'a jamais digéré la position algérienne. Le peu d'empressement de Abdelaziz Bouteflika d'annoncer sa participation au sommet portant création de l'Union pour la Méditerranée de juillet 2008 dans la capitale française a été interprété par la France comme un acte prémédité visant à faire capoter son initiative. À ce sujet, la source gouvernementale algérienne soulignera que l'Algérie savait au départ que l'Union pour la Méditerranée était un projet peu viable, d'où son engagement limité dans cette entreprise, contrairement au souhait de Nicolas Sarkozy, lequel souhaitait qu'Alger mette tout son poids dans l'UPM. Ceci étant, le rôle important accordé par les Français à l'Egypte dans ce dossier n'a pas encouragé l'Algérie à s'impliquer sérieusement. L'affaire du diplomate Hasseni jette de l'huile sur le feu Ce qui a davantage perturbé les rapports algéro-français, c'est incontestablement l'affaire du diplomate algérien Mohamed-Ziane Hasseni, que la justice française a accusé d'être l'instigateur de l'assassinat de l'opposant algérien Ali Meceli à Paris en 1987. Le haut responsable affirmera que la France savait dès le début qu'il était innocent, mais a persisté dans ses accusations contre lui, car voulant utiliser cette affaire comme un moyen de pression sur Alger. Il assurera que l'affaire du diplomate Mohamed-Ziane Hasseni, qui a bénéficié de la levée du contrôle judiciaire dont il faisait l'objet, allait bientôt connaître son épilogue. Par ailleurs, cette source indiquera que l'apparition de cette affaire a provoqué le départ en catastrophe du général Larbi Belkheir, directeur du cabinet de Chadli Benjedid à la période de l'assassinat de Mecili, hospitalisé à l'époque dans la capitale française. Il ne manquera pas également de parler du dossier des moines français assassinés par le GIA en 1996 à Tibhirine réouvert récemment par Paris accusant l'armée algérienne, son origine est une question de rivalité franco-française entre les services de sécurité et du renseignement de l'Hexagone.