La correspondance du ministère de l'Intérieur intervient après le démantèlement d'un réseau de trafiquants de chalets où sont impliqués des responsables locaux. Le ministre de l'Intérieur demande l'ouverture d'une enquête approfondie sur l'occupation des chalets pour sinistrés dans les wilayas de Boumerdès et d'Alger. C'est ce qu'indique une correspondance portant le n°002258 signée par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur transmise ces derniers jours aux walis de Boumerdès et d'Alger leur recommandant de prendre les dispositions nécessaires pour identifier les personnes occupant actuellement les 16 000 chalets destinés aux sinistrés. Non seulement, le document demande aux deux responsables d'identifier les citoyens qui résident dans ces chalets attribués dans le cadre du relogement des familles sinistrées suite au tremblement de terre du 21 mai 2003, mais il exige également de suspendre et de faire annuler toute nouvelle attribution de chalets. Le ministère de l'Intérieur demande aussi aux mêmes responsables de sécuriser davantage les sites des chalets. Le courrier du ministère de l'Intérieur intervient quelques jours seulement après le démantèlement d'un réseau de trafiquants de chalets et l'emprisonnement de neuf d'entre eux dont un chef de service à l'APC de Boumerdès, personnes accusées de faire du commerce avec les chalets. Un vice-président de la même APC est toujours sous contrôle judiciaire dans la même affaire. L'enquête, qui se poursuit toujours, va certainement faire la lumière sur l'étendue de ce trafic qui a commencé il y a plus de cinq ans et qui n'a curieusement jamais inquiété l'administration. Une situation qui a encouragé les affairistes de tous bords. Ces derniers, et grâce à la complicité de certains responsables et la passivité d'autres, ont réussi à mettre en place un véritable marché de chalets dont les prix de cession ont atteint ces derniers temps 80 millions de centimes. Il a fallu que des citoyens s'adressent à la justice pour que les choses commencent à bouger et qu'on assiste pour la première fois à des arrestations y compris parmi des fonctionnaires exerçant au sein de l'administration. Ces derniers auraient vendu des dizaines de fausses attributions de chalets à des prix variant entre 20 et 70 millions de centimes. Avant-hier encore et dans une autre affaire liée à ce trafic, le juge aurait entendu deux autres élus de l'APC qui se sont accusés de l'attribution illégale de plus de 45 chalets dont certains étaient occupés légalement par des sinistrés. Ces chalets ont été distribués grâce à des “attestations bidon” qui n'étaient même pas enregistrées au niveau du secrétariat de l'APC de Boumerdès. Les détenteurs de ces “vraies-fausses décisions” ont été invités à s'introduire la nuit dans des chalets déjà occupés. Mais le silence des uns et des autres n'a fait qu'encourager ce phénomène. Pour rappel, le président de l'association des chalets de Boumerdès avait annoncé récemment que des dizaines de chalets pour sinistrés sont occupés par des entrepreneurs, des cadres de l'Etat et même par des mineurs. Certains sont loués à 7 millions par mois pour les vacances d'été, d'autres vendus à 100 millions de centimes. Certains responsables tout comme certains membres d'associations de quartier se seraient également sucrés sur le dos des citoyens et des sinistrés en s'appropriant de nombreux chalets pour leurs familles dont certains n'habitent même pas la wilaya. Le responsable de cette association avait indiqué que “rien que pour la commune de Boumerdès, plus de 527 chalets sont occupés par des faux sinistrés venus d'autres wilayas alors que des dizaines d'autres appartiennent à des entrepreneurs, des commerçants et des cadres de l'Etat”.