La rencontre qui a regroupé certains opérateurs économiques marocains et algériens, jeudi dernier à la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie (CCIO), a montré que si la volonté de faire “des affaires” de part et d'autre est bien réelle, la tâche reste ardue.L'événement est venu à la faveur de la tenue de la 11e édition de la Foire internationale d'Oran qui a ouvert ses portes ce 13 octobre, avec pour la première fois la présence d'un pavillon marocain regroupant une vingtaine d'entreprises.Des sociétés activant dans le secteur de l'agroalimentaire, le textile, et surtout l'artisanat ont fait le déplacement en force pour la première fois, alors que d'autres pays européens ont cette année choisi de bouder la foire internationale. Une présence marocaine perçue comme un signe fort de la volonté d'établir des échanges commerciaux autrement plus constructifs, avec en toile de fond la question de l'ouverture des frontières et la Zone arabe de libre-échange. Autant de points qui étaient déjà au centre des discussions ayant regroupé en 2005 à Oran, hommes d'affaires algériens et marocains mais qui n'avait eu guère de suite à ce même vœu. Ce jeudi à la CCIO, c'est le même discours “volontaire et fraternaliste” qui a été reproduit ,à l'image de Mr Belkacem BOUTAYEB, expert-consultant marocain et membre de l'Institut marocain des relations internationales, fin connaisseur de l'Algérie et de son système : “Beaucoup de temps a été perdu,au moment où d'autres prennent des mesures protectionnistes et alors que c'est la crise économique, nous devons conjuguer nos efforts pour construire des partenariats et nous tourner vers l'Afrique de l'Ouest ,vers les pays arabes” Et l'intervenant qui conduisait la délégation marocaine de poursuivre à l'intention des opérateurs algériens : “Nous devons faire des passerelles, aller vers des plateformes et essayer de dégager des pistes réelles de coopération que nous devons présenter aux politiques! Nous avons énormément de liens, nous nous connaissons, les relations entre nos deux pays n'ont jamais été idylliques certes, mais jamais de part et d'autre l'intelligence n'a été insultée." Une remarque aussitôt renforcée par l'intervention du vice-consul marocain d'Oran, lui donnant un cachet quelque peu officiel : “Le commercial doit pousser le politique à aller plus loin. Nous sommes frères il faut foncer, il faut des résultats dans l'intérêt de tout le monde”. Bien sûr la question des relations politiques tendues entre les deux pays a été évoquée par les opérateurs qui considèrent que cette situation bloque le développement des relations économiques équitable des deux côtés de la frontière. Mais lors des débats, les Algériens ont abordé les barrières douanières marocaines qui pénalisent les exportations algériennes, des droits de douanes très élevés qu'imposent les Marocains sur certains produits.Le seul point ou opérateurs économiques marocains et algériens seront d'accord, c'est pour exiger l'application stricte des accords de la Zone arabe de libre-échange et de demander que soient dénoncés les pays qui ne jouent pas le jeu : “Des pays importent d'Asie des produits finis et ils nous les revendent en faisant croire qu'ils les produisent et vont jusqu'à présenter de faux certificats d'origine !”dira un membre de la CCIO et d'autres de citer le cas des micros ordinateurs “tunisiens”. L'avance des Marocains dans la confection des listes négatives est encore apparue clairement. Mais faisant oublier leurs propres barrières douanières, ceux- ci emboîteront le pas aux Algériens pour dénoncer “ces pays qui ne jouent pas le jeu” .Les opérateurs algériens ont encore mesurés l'avance prise par les Marocains dans la confection des listes négatives qui permettent la protection des produits locaux et de regretter la lenteur des pouvoirs publics algériens dans ce domaine. Mais la remarque la plus frappante viendra d'un opérateur économique algérien qui n'hésitera pas à dire à la salle : “la différence c'est que les opérateurs économiques marocains malgré tout défendent leur pays et leur économie, en Algérie ce n'est pas toujours le cas !”