Après la phase d'influence sur les langues du mode de transcription des messages par le système SMS, nous voilà dans la pleine phase de pulvérisation de celles-la par ceux-ci. Que reste-il des règles d'écriture des langues maintenant totalement charcutées par le système SMS ? Elles deviennent des lambeaux de signes disparates n'atteignant même pas la forme graphique de demi-mots. Une seule lettre remplace un mot pourtant laborieusement forgé et obéissant aux normes de l'orthographe et de la grammaire. Une configuration d'une nouvelle sténo alphabétique refait surface. Le destinataire a souvent alors du mal à déchiffrer un message fait d'une suite de tessons. Comme le message qui passe par le système SMS réclame rapidité alors la tendance penche du côté de l'essentiel et l'essentiel, pense t-on, est de se faire comprendre. Il importe peu et même pas du tout qu'un mot soit écrit suivant la logique du standard. Que faire du formalisme, de la norme, de la règle et du principe puisque le souci de se faire comprendre vite et en peu de signes reste l'objectif premier ? Les nostalgiques du formalisme orthographique s'insurgent mais ne peuvent rien faire face à cette machine du besoin qui impose la vitesse. Déjà de son temps le maître de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure se posait la question de savoir pourquoi on écrit la conjonction de coordination à valeur d'opposition “mais” ainsi et non pas tout simplement “mé”. Il pense qu'il n'y a aucune raison valable de ne pas utiliser la forme simple. Ainsi donc il apparaît que le souci de la simplicité tend à s'imposer de lui-même à travers l'utilisation de moyens modernes à l'exemple de la téléphonie mobile. Reste à savoir si ces nouvelles formes de la simplicité imposées ne soient à l'avenir consacrées comme nouvelles normes qui bousculeront la grammaire : cette science qui est de toute façon née bien après la poésie. A. A. ([email protected])