En fait, Bouteflika, à défaut de conquérir les cœurs, alimente des ventres vides. Vides tout d'abord par sa faute, lui qui n'a pas apporté la prospérité promise. Bouteflika poursuit sa course contre la montre, une course effrénée pour prendre de vitesse ses concurrents potentiels et surtout forcer la main à ceux qui, en dernier ressort, influent sur le cours des événements. Il s'agit de l'ANP qui, quoi qu'en disent ses responsables, elle ne peut rester les bras croisés en cas de dérive grave dans le processus politique. Le Président le sait fort bien, parce que c'est à celle-ci qu'il doit, en grande partie, son premier mandat. C'est donc d'une manière intéressée qu'il a fait son éloge, lors de la fête de l'indépendance. De leur côté, les responsables de l'institution militaire ont déclaré, en de multiples circonstances, qu'ils s'en tiendront à leur mission constitutionnelle et qu'ils respecteront le choix des électeurs. Une manière comme une autre de signifier à Bouteflika qu'il n'est plus privilégié par rapport aux autres postulants. Le message est tellement clair qu'il a mis le feu dans son camp, le cercle de ses proches et ses soutiens. En effet, le paysage politique d'aujourd'hui n'est en rien semblable à celui de 1999 où, face à l'urgence après la démission du président Zeroual et devant les dangers et menaces qui pesaient sur le pays, l'armée avait alors donné le coup de pouce décisif à celui qui semblait offrir le plus de crédibilité et de garantie. La suite, tout le monde la connaît si bien que le général major Lamari a révélé, par une ellipse, que même Djaballah, s'il est élu selon les normes démocratiques, sera accepté. Plus qu'un désaveu du bilan de l'actuel Président, c'est un message à l'ensemble de la classe politique que les jeux ne sont pas faits d'avance. Ayant parfaitement compris cette position, Bouteflika et ses amis se sont engagés dans la bataille en usant et en abusant des moyens de l'Etat et aussi de procédés condamnables. Au cours du périple qu'il effectue, actuellement, à l'intérieur du pays, il ne cesse de faire des promesses et surtout de distribuer des prébendes par-ci, par-là. Des milliards sont dilapidés sous le couvert de l'aide au développement de régions oubliées durant tout le mandat présidentiel. En fait, Bouteflika, à défaut de conquérir les cœurs, alimente des ventres vides. Vides tout d'abord par sa faute, lui qui n'a pas apporté la prospérité promise. En observant, ces nouvelles mœurs politiques et cette propension à considérer l'argent du contribuable comme un argent de campagne éloctorale sont des pratiques de potentats dignes des républiques bannières. L'Algérie aurait-elle dégringolé à ce niveau ? Si ce n'est pas le cas, que l'on mette le holà. A. O.