Le ministre de la Communication Hachemi Djiar s'est improvisé samedi au cours d'une rencontre avec la presse porte-parole du gouvernement et de la présidence de la République. Simple hasard de calendrier du ministre de la Communication que la rencontre avec la presse soit programmée la veille du mois de Ramadhan ? Difficile d'y croire. Mais alors se pose la question de savoir ce qui a poussé M. Djiar à monter au créneau en ce moment précis pour annoncer à l'opinion que l'exécutif et le président de la République se préparent à aborder ce mois de Ramadhan avec une ferveur dans le travail toute particulière. Traditionnellement la presse se fait l'écho à juste raison durant ce mois sacré de l'état de somnolence dans lequel nos entreprises, nos administrations sont plongées. Le « chômage religieux » pour cause de Ramadhan a atteint même les centres de décision : les ministères et les institutions de l'Etat où l'activité au parlement, au Sénat et ailleurs, lorsqu'elle n'est pas carrément gelée, est réduite à son plus bas régime. Feu Boumediène avait tenté de trouver la parade à ce mal algérien en traquant dans les rues les travailleurs qui désertaient leurs postes de travail pour s'en aller faire leurs emplettes durant les heures de travail. Force est de constater que le recours à la coercition n'a pas fait des Algériens des stakhanovistes du travail en période de Ramadhan. La sortie médiatique de Djiar en début de mois de Ramadhan qui charrie dans la conscience collective une philosophie du travail qui contraste avec l'image officielle d'un pays en chantier et d'une équipe dirigeante ; avec à sa tête le président Bouteflika, engagée dans une course effrénée contre la montre pour assurer progrès et prospérité au peuple algérien n'est certainement pas fortuite. Le ministre de la Communication avait manifestement un message clair à faire passer ou dont il a été chargé de s'en faire l'interprète auprès des médias : il n'yaura pas de vacance à la tête de l'Etat durant ce mois de Ramadhan. Le message est d'abord destiné à l'opinion pour contrebalancer ce qui se dit dans certains cercles et s'écrit sur la baisse du régime des activités présidentielles depuis la maladie de Bouteflika, mais il interpelle aussi et surtout le gouvernement, les institutions de l'Etat pour les prévenir que le mois de Ramadhan est un mois ouvrable et que le président Bouteflika veillera personnellement pour qu'il en soit ainsi. L'agenda chargé du président de la République durant ce mois de Ramadhan a-t-il une explication religieuse, mystique qui veut que dans la pensée islamique, le mois de Ramadhan est le mois de l'ijtihad par excellence ? Des voix s'élévent déjà pour dire que cet appel à la mobilisation des institutions du pays pour redoubler d'ardeur au travail durant ce mois de Ramadhan, comme tous les discours précédents, ne sera d'aucun effet sur le quotidien des Algériens.