Dominique Fernandez, écrivain et académicien français, était avant-hier soir l'invité d'honneur du Centre culturel français d'Alger . Cette rencontre a permis aux amoureux de la littérature de converser mais surtout de débattre de l'évolution de la littérature qui a connu plusieurs changements et bouleversements durant ces dernières années. Evoquant le nouveau roman, cette nouvelle littérature est considérée comme “un terroriste, son contenu est minime et malheureusement, il a envahi l'espace littéraire”, a souligné M. Fernandez. Par ailleurs, il a aussi cité la condition des écrivains qui ne peuvent vivre de littérature et d'eau fraîche. “Nous ne pouvons pas vivre de notre plume, ceux qui le font ce sont de mauvais écrivains. Cela veut dire qu'ils écrivent tout le temps”, a-t-il clamé. Ces nouveaux romanciers puisent leur plume et leurs écrits seulement sur leur vécu, alors que le roman doit refléter la société, ses problèmes, ses maux et sa culture et non pas raconter leur vie. Ce nouveau genre littéraire est devenu la première matière des lecteurs, des artistes, politiciens où même des fonctionnaires du service public publient leurs autobiographies et c'est ce qui marche le plus car c'est devenu un phénomène médiatique. “Pour ces écrivains d'autofiction, cela représente un désastre de nos jours, car la littérature du moment, ce sont leurs petites histoires”, a déclaré Dominique Fernandez. D'autre part, Dominique Fernandez a évoqué son dernier roman, Ramon, dédié à son père, le célèbre Ramon Fernandez, intellectuel et politiquement de gauche dans la période de l'entre-deux- guerres. “Ce livre est une enquête détaillée sur la vie de mon père, c'est le pilier d'une société qui retrace la vie littéraire de Proust jusqu'au fascisme”, a-t-il dit. Cette biographie qu'il a consacrée à son père retrace le ballotage et la métamorphose de cet homme de littérature qui passa du socialisme au communisme, puis au fascisme pour finir en collabo. “Le plus étonnant est que mon père ne partageait pas les idées communistes malgré son appartenance à ce mouvement”, a-t-il ajouté. Cet ouvrage de 800 pages plonge le lecteur dans la vie trépidante de cet écrivain qui est passé par toutes les phases de la société d'antan.