Le 3e Salon du logement et de l'immobilier (Logimmo) tenu la semaine dernière entre les 14 et 19 du mois est passé presque inaperçu, gêné qu'il était par la coïncidence de dates avec les deux matches de l'équipe nationale avec l'équipe égyptienne, les esprits étant visiblement occupés ailleurs. Comme pour réduire à son peu d'importance un salon du logement qui se tient sous un chapiteau, autrement dit, un abri de fortune ou presque. Difficile à avaler pour une manifestation sur le logement, qui n'est précisément pas censée être un abri de fortune. Dans ce salon, tout le monde y était ou presque, Opgi, banques, sociétés d'assurance, agences et sociétés de promotion immobilière venues en nombre, mais bien peu, trop peu de participants attendus que sont les entreprises de matériaux de construction, surtout ceux nouveaux. Les visiteurs avertis se sont rabattus sur le programme de conférences organisées dans le cadre de ce salon, perturbées par l'actualité footballistique et par l'impossible circulation automobile qui l'a accompagnée, un riche programme modéré par Akli Amrouche, architecte et rédacteur en chef d'une publication scientifique et professionnelle pour architectes, Vies de villes. Outre les thèmes traditionnels de circonstance, sur le programme national du logement ou son financement ou du marché immobilier, il y a été notamment, entre autres, question de sujets plus pointus, comme le parachèvement des constructions, la gestion immobilière, les villes nouvelles, la construction durable, les nouvelles technologies de la construction, ainsi que les paramètres parasismiques dans la construction ou la qualité architecturale. Deux d'entre elles ont retenu l'attention et fait l'objet de débats serrés. Le premier, sur la gestion du patrimoine public de l'Etat ; le deuxième, sur la qualité architecturale. Sur le premier sujet : a-t-on idée de parler d'un siège de ministère, d'un autre organisme public ou de wilaya ? Apparemment, oui, c'est un bien immobilier comme un autre, même si certains d'entre eux ont été squattés, comme la clinique Malika-Gaïd transférée lors de l'époque Chadli comme siège du ministère du Travail, ou encore celui de l'Office national des droits d'auteur de Ben Aknoun, un bijou comme un sou neuf, qui a suscité la convoitise du ministère de la Justice, et, enfin, le siège du ministère des Affaires étrangères. Noureddine Barkat, vice-président de la Fédération des agences immobilières (Fnai) a pris sur lui de lever ce lièvre de la gestion du patrimoine immobilier public, un thème inconnu, très rarement évoqué publiquement et difficilement saisissable compte tenu de l'opacité de sa gestion et la multiplicité des statuts qui se sont sédimentés depuis l'Indépendance sur toutes les bâtisses de ministères, de collectivités locales, d'hôpitaux, d'écoles, de musées, entre autres, appartenant au domaine de l'Etat et gratuitement mis à disposition ou cédés à des organismes publics ou semi-publics. M. Barkat énonce ainsi plusieurs objectifs qu'une “politique volontariste de l'Etat pourrait atteindre, en faisant évoluer le parc immobilier vers des implantations plus adaptées, moins nombreuses et moins onéreuses, en optimisant l'occupation des immeubles et valorisant au mieux ceux qui sont libérés, en modernisant l'entretien et, enfin, en mobilisant le foncier pour participer à la production de logements”. En dénonçant l'absence de pilotage politique de l'immobilier, M. Barkat semble préconiser une gestion plus économique, plus commerciale (?), dans tous les cas, beaucoup moins administrative et sclérosée que celle en vigueur depuis les années post-indépendance. L'idée est nouvelle, car, remarque M. Barkat, “la gestion du patrimoine immobilier de l'Etat constitue un enjeu important de société, l'Etat étant propriétaire d'une part significative du parc immobilier national”. Sur l'entretien de ce patrimoine, M. Barkat insiste encore sur un “entretien préventif” beaucoup moins cher à mettre en œuvre que celui “curatif, trop onéreux”, et lourd à mettre en œuvre, sous forme de projets et de marchés publics généralement (ndlr). Sur la maîtrise du parc immobilier, M. Barkat a relevé qu'une “mauvaise connaissance du parc immobilier peut cacher une sous-occupation” et qu'il est “difficile de se faire une idée de l'adéquation de ce parc sans analyse détaillée”, et préconisant “de faire un inventaire et une évaluation par la poursuite et la mise à jour du tableau général des propriétés de l'Etat, fiabiliser son contenu en chargeant les services des domaines de vérifier les informations en provenance des ministères et services déconcentrés, affiner l'évaluation en substituant aux évaluations forfaitaires les valeurs réelles du marché” et, entre autres, “instaurer une plus grande transparence de la gestion de l'immobilier public, par la publication périodique pour chaque ministère, des surfaces de bureaux utilisées, des cessions et acquisitions en cours d'année, ainsi que de l'inventaire des logements de fonction”, le secteur immobilier résidentiel devant faire l'objet “d'une attention particulière (…) de la part des pouvoirs publics”. Dans cet esprit, M. Barkat a complété son exposé par d'autres propositions d'une refonte des services des domaines dans une perspective moins réservée aux tâches notariales, et d'une responsabilisation des ministères, sommés de payer, aux prix du marché, un loyer au budget de l'Etat, un loyer pour les sièges qu'ils occupent. Ce qui devrait théoriquement les inciter à une gestion plus rigoureuse et moins indifférente aux espaces. Et pourquoi pas, en fait ?