Considérant le retour de la militante sahraouie des droits de l'Homme comme une “insulte au peuple marocain”, l'Association du Sahara marocain a exigé, dans un communiqué, la “démission urgente” du chef de la diplomatie marocaine qu'elle considère comme le principal responsable de l'échec des autorités marocaines dans la gestion de cette affaire. Dans un communiqué rendu public vendredi, l'ASM “réclame la démission urgente” du ministre marocain des Affaires étrangères Taïeb Fassi-Fihri et “une enquête parlementaire (...) pour faire la lumière” sur la façon dont le Maroc “a pu être ridiculisé et malmené dans cette affaire avant qu'il ne cède face à la pression internationale”. Sur un ton très virulent, cette association, qui a qualifié de “scandaleux” le retour au Sahara occidental, dans la nuit de jeudi à vendredi, de la militante sahraouie, estime que c'est “une insulte au peuple marocain, une insulte aux Sahraoui(e)s unionistes, une insulte à la mémoire des héros tombés au champ d'honneur pour défendre l'intégrité territoriale du pays”. Selon la même source, qui en appelle à l'opinion publique marocaine, “toutes les formations politiques, associations et syndicats marocains avaient soutenu sans condition le gouvernement marocain dans sa démarche pour défendre sa position sur le plan international”. Les autorités marocaines ont mal pris cette réaction, si l'on en juge par la déclaration du ministre de la Communication, Khalid Naciri, qui a répondu que le gouvernement marocain “réagira le moment venu face à tant d'excès et à cette réaction intempestive”. Il faut dire que le retour d'Aminatou Haïder à Al-Ayoune constitue une véritable gifle pour Rabat, qui a été obligée, devant la pression internationale, car redoutant les conséquences de la mort de la militante sur l'avenir du conflit du Sahara occidental. Par ailleurs, Aminatou Haïder a déclaré sur la chaîne France 24 que ses positions “ne se vendent pas aux enchères” et qu'elle n'avait offert aucune contrepartie au pouvoir marocain pour son retour dans la nuit de jeudi à vendredi dans son pays, au Sahara occidental. “Il n'y a pas eu de conditions ni de contrepartie, mes positions ne se vendent pas aux enchères”, a-t-elle déclaré, selon la traduction en français assurée par la chaîne. “J'ai été informée hier par le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, j'ai été transportée par avion spécial dans la ville occupée d'Al-Ayoune”, a-t-elle indiqué, avant d'ajouter : “Je n'avais pas de passeport quand je suis arrivée à l'aéroport d'Al-Ayoune, mon passeport a été remis à ma sœur qui m'accompagnait.” Il y a lieu de signaler que le Front Polisario a jugé “regrettable” que le président français Nicolas Sarkozy “fasse l'éloge” de la proposition marocaine prônant une large autonomie pour le Sahara occidental. “Il est regrettable (...) que le gouvernement français fasse l'éloge de la proposition marocaine d'autonomie du Sahara occidental, quand celle-ci n'est qu'une proposition pour légitimer un fait accompli colonial, et qui bat en brèche le droit et la légalité internationale”, a déclaré le secrétaire général du Polisario Mohamed Abdelaziz.