Devant se rendre dans les prochains jours au Maroc, le président du Sénat du Mexique, Carlos Navarrete Ruiz, a décidé de suspendre la visite qu'il devait effectuer à Rabat pour montrer sa désapprobation de la politique de répression que mène le royaume contre les Sahraouis, dont vingt-neuf prisonniers en grève de la faim dans les geôles marocaines sont en danger de mort. Après sa visite en milieu de semaine dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, où il a rencontré un certain nombre de dirigeants sahraouis et fait une tournée de plusieurs wilayas et des institutions et centres d'intérêts économiques et sociaux, le président du Sénat mexicain, actuellement en tournée dans plusieurs pays africains, dont le Maroc, a décidé de ne pas se rendre dans ce pays en guise de protestation contre la violation des droits de l'homme dans les zones occupées du Sahara occidental. Selon la dépêche de l'agence de presse sahraouie SPS, qui a rapporté l'information, la décision du haut responsable du Mexique est “un geste de protestation contre la violation des droits de l'homme dans les zones occupées du Sahara occidental par les autorités marocaines et, en particulier, la situation des militants des droits humains incarcérés à la prison de Salé (Casablanca) et d'autres prisonniers politiques en grève de la faim dans plusieurs prisons marocaines”. Toujours dans le cadre de la violation des droits de l'homme par le Maroc, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a appelé le président du Conseil de l'Europe, Van Rumpuy, à intervenir auprès des autorités marocaines pour sauver les vies des détenus politiques sahraouis en grève de la faim dans les prisons marocaines. Le patron du Front Polisario tient le Maroc pour responsable des sévices physiques et psychologiques que subissent les détenus politiques sahraouis ainsi que leurs familles, appelant l'Union européenne (UE) à intervenir au plus vite pour mettre un terme à ces pratiques inhumaines. Il a exhorté l'UE à “sauver” la vie des détenus politiques “sujets à un mépris total et exposés à la menace d'une mort certaine”. De son côté, l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) à Alger, M. Brahim Ghali, a appelé, jeudi à Alger, lors d'une conférence de presse, la communauté internationale et les organisations des droits de l'homme à réagir pour sauver la vie des 29 prisonniers sahraouis grévistes de la faim détenus dans les prisons marocaines. “Nous attirons l'attention de la communauté internationale et des ONG activant dans le domaine des droits de l'homme sur la situation des 29 Sahraouis grévistes de la faim qui ne cesse de se dégrader”, a souligné Brahim Ghali. Il avertit que “la santé des grévistes sahraouis se détériore et menace d'une catastrophe humanitaire”, appelant l'Organisation des Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne et les organisations de défense des droits de l'homme à “intervenir en urgence pour amener les autorités marocaines à prendre en considération les revendications des grévistes”. Le diplomate sahraoui a expliqué que la majorité des 29 Sahraouis grévistes de la faim, incarcérés dans les prisons de Tiznit, Casablanca, Agadir et la “prison noire” de Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental), souffrent de malaises cardiaques, de tension artérielle et autres pathologies dues à la grève de la faim. Il prévient que “leur vie est en danger, si la communauté internationale ne réagit pas à temps”. Pour rappel, une grève de la faim illimitée a été décrétée, le 18 mars passé, par sept défenseurs sahraouis des droits de l'homme emprisonnés par les autorités marocaines à leur retour d'une visite dans les camps de réfugiés sahraouis le 8 octobre 2009. D'autres militants sahraouis ont rejoint le mouvement par solidarité et leur nombre risque d'augmenter dans les jours à venir. Les grévistes sahraouis de la faim revendiquent un procès équitable et juste ou leur libération. Par ailleurs, l'Algérie et l'Afrique du Sud ont réitéré, jeudi à Pretoria, leur “plein appui” au peuple du Sahara occidental et appelé à lui permettre “d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination”, a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué. Le dossier du Sahara occidental figurait parmi les questions internationales qui ont été abordées par les deux co-présidents de la réunion préparatoire de la 5e session de la Haute commission binationale de coopération entre l'Algérie et l'Afrique du Sud, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, et son homologue sud-africaine, Mme Maite Nkoana Mashabane. Rappelant la nature de ce conflit qui relève de la décolonisation, les deux parties ont exprimé leur “profonde préoccupation face à sa persistance” et, de ce fait, “rappellent l'urgente nécessité de mettre en œuvre la solution qui permet au peuple du Sahara occidental d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination”.