Un an après l'invasion israélienne, la vie est gelée sur place à Gaza. L'enclave est en ruine, le territoire bouclé par le blocus, de part et d'autre, les Gazaouis, traumatisés, n'arrivent pas à reconstruire leur existence et le processus de paix n'est plus qu'un vague horizon. Un million et demi de Palestiniens livrés à leur détresse et la communauté internationale reste les bras croisés devant les provocations et l'arrogance d'Israël. Le comble est que ce pays ose attaquer, aujourd'hui, Hamas devant la justice internationale alors que lui-même avait failli être condamné pour génocide et crime de guerre, sans le veto des Etats-Unis et de la France. L'opération Plomb durci, lancée par Israël le 27 décembre 2008, au prétexte de faire cesser les tirs de roquettes artisanales palestiniennes sur son territoire, n'a pas fini de livrer ses secrets. Elle a fait en trois semaines plus de 1 400 morts et 5 300 blessés dans les rangs palestiniens, la plupart des civils, des femmes et des enfants. Israël a perdu 13 personnes dans son offensive qui a pris fin avec l'instauration d'un cessez-le-feu le 18 janvier 2009. La petite économie de survivance palestinienne a complètement disparu, les champs détruits, le réseau d'alimentation en eau saboté ainsi que les stations de traitement des eaux usées, rejetées aujourd'hui, interdisant la pêche déjà au stade artisanal. Pas d'électricité non plus et de l'essence au compte-gouttes. L'enclave est fermée, elle le sera totalement avec l'achèvement du “mur Moubarak” en construction à la frontière avec l'Egypte où des tunnels laissaient passer le minimum vital, l'alimentation et les médicaments de premiers soins. Au-delà des morts, blessés et destructions matérielles, les cicatrices laissées par la énième guerre israélienne sont profondes. Le recours à une force de frappe sans précédent contre les Palestiniens a des répercussions qui dépassent les souffrances infligées au 1,5 million de Gazaouis. D'abord et avant tout, la confirmation du sentiment d'impunité dont bénéficie Israël dans n'importe quelle circonstance. Obama qui avait promis solennellement de ramener à la raison les dirigeants israéliens a capitulé devant Netanyahu. Pour les Palestiniens, leur malheur est dans le couple israélo-américain. Ensuite, s'est encore révélée l'impuissance de la Ligue arabe. Enfin, l'offensive israélienne a renforcé Hamas qui tient Gaza depuis 2007. Diviser pour mieux régner. Le fossé s'est encore creusé entre Gaza, tenue par le Mouvement de la résistance islamique, et la Cisjordanie aux mains d'un Fatah de plus en plus considéré comme subordonné à Israël. Et sans un pouvoir palestinien unifié, condition préalable à des pourparlers de paix, la perspective d'un accord semble s'éloigner. Il reste, même si c'est insignifiant, que l'ONU et les organisations de défense des droits de l'homme ont accusé tant Israël que le Hamas de crimes de guerre. Du coup, politiques et généraux israéliens réfléchissent à deux fois avant de se rendre à l'étranger : Tzipi Livni, l'ex-ministre des Affaires étrangères que Netanyahu cherche à récupérer, a annulé un voyage à Londres, car elle risquait une arrestation, suite à une plainte pour crimes de guerre enregistrée par un tribunal londonien. L'image d'Israël sur la scène internationale s'est peut-être effondrée, mais les Israéliens poursuivent des constructions dans les colonies. Les mises en garde d'Obama et de l'UE ont fait long feu, faute de sanctions.