Ses moukhabarat auraient voulu garder le secret, les Israéliens ont vendu la mèche : un “mur Moubarak” pour encager les Gazaouis. Netanyahu a-t-il lâché son principal allié arabe ? La succession de Moubarak est à l'ordre du jour. Le raïs égyptien n'aura pas innové en la matière. Moubarak a répondu aux injonctions d'Israël : construire un mur le long de la frontière égyptienne avec l'enclave palestinienne de Gaza. Ses moukhabarat n'ont rien pu faire, le quotidien israélien Haaretz a ébruité le projet, avec détails. La trahison, en fin de compte, se poursuit depuis les accords de Camp David. D'ailleurs, on peut aussi se demander si le flot de haine déversée sur notre pays, pour une histoire de foot, n'est pas aussi destiné à masquer ce nouveau poignard des autorités du Caire dans le dos des Palestiniens ? Quoi qu'il en soit, pour les Israéliens, le compte à rebours a commencé au Caire. La raclée infligée à Khartoum par nos Verts aux Pharaons a déjoué le rêve des Moubarak : transformer l'Egypte en république monarchique, Gamal devait reprendre, sans coup férir, le fauteuil de son père. L'Egypte est en train d'ériger un mur de fer souterrain, enfoncé de 20 à 30 mètres dans le sol, le long de sa frontière avec Gaza, pour empêcher les Gazaouis de contourner le blocus imposé par Israël. Les travaux, gardés comme un site nucléaire, sont dirigés par des ingénieurs de l'armée américaine. D'ici un an et demi, c'est-à-dire à la fin du énième mandat de Moubarak, le mur devrait être achevé. Objectif : affamer et, pourquoi pas, décimer le million et demi de Gazaouis dont les tunnels de fortune servaient de voie de ravitaillement en produits de base (alimentation, médicaments de premiers soins, matériaux de construction, carburant...). Le mur Moubarak est la dernière phase de l'opération génocidaire “Plomb durci” conduite, il y a un an, par Israël, dont l'objectif était d'ailleurs de détruire ces tunnels, lesquels, in fine, ont résisté aux bombardements ultra- sophistiqués. Moubarak, dont la frontière avec Gaza relève directement de la sécurité israélienne, malgré le retrait en avril 2004 des colonies israéliennes et des troupes stationnées à Gaza, construit son mur en connaissance de cause sur ses implications alimentaires et sanitaires sur les Gazaouis : les agences des Nations unies considèrent toujours que plus des deux tiers des Gazaouis vivent dans l'insécurité alimentaire, à savoir qu'ils souffrent de la faim. Selon l'OMS, la même proportion des enfants et des femmes en âge de procréer est atteinte d'anémie. Les restrictions sur l'approvisionnement en biens alimentaires dispensés pourtant par l'aide humanitaire sont interdites par l'article 22 de la quatrième Convention de Genève. Moubarak a même été dénoncé par les Gazaouis pour trafics sur les dons qui leur sont destinés. Pour la défense de son mur, le président égyptien invoque la contagion islamiste ! En fait, c'est Israël qui a exigé la fermeture du sous-sol de la frontière de Gaza avec l'Egypte pour empêcher l'approvisionnement en armes de la résistance palestinienne. L'Egypte sait pourtant que les représailles illégales et disproportionnés constituent une violation du droit humanitaire international et ne peuvent en aucun cas être considérées comme de l'autodéfense. C'est écrit noir sur blanc dans toutes les conventions internationales. Le mur de Moubarak est, de fait, la continuité de celui du tristement célèbre Sharon. Un mur de séparation qui transperce la Cisjordanie, la découpant comme de la dentelle et qui a des conséquences humanitaires dramatiques sur la vie quotidienne des Palestiniens, selon Ocha (bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu). Lorsqu'elle sera achevée dans sa partie israélienne, la barrière aura une longueur de 709 km, dont 85% en Cisjordanie même mais seulement 15% sur la Ligne verte, la ligne de démarcation de 1949 entre la Cisjordanie et Israël. Le mur Moubarak coulera lui sur 300 km. La Cour internationale de justice (CIJ), principal organe judiciaire de l'ONU, a qualifié le mur israélien d'illégal et a réclamé son démantèlement, dans un avis rendu le 9 juillet 2004. Cet avis est resté sans effet. La Ligue arabe avait gesticulé en son temps. Que fera-t-elle avec le mur Moubarak ?