Dans la foulée, les praticiens de la santé ont réagi aux accusations du ministère les désignant comme responsables de l'échec de la campagne de vaccination contre la grippe A. À l'instar de leurs confrères sur l'ensemble du territoire national, les praticiens de la santé publique de la capitale ont observé, hier, un sit-in devant la direction de la santé publique, à Alger. Près d'une centaine de médecins se sont donné rendez-vous devant le siège de cette direction pour dénoncer la “démarche provocatrice prise par la tutelle afin de procéder à un retrait sur les salaires des praticiens grévistes, en dépit d'un service minimum assuré”.Portant des banderoles sur lesquelles on peut lire : “de jour comme de nuit, on est là pour vous, soyez là pour nous” ou “santé et praticiens sacrifiés”, les grévistes scandaient : “Barkat, barakat” (Barkat, ça suffit !), suscitant la curiosité des passants et quelquefois leur soutien exprimé, notamment, par des youyous. Une délégation des protestataires est entrée à la DSP pour demander une audience au directeur de la santé, mais ce dernier était “absent”, leur a-t-on signifié. À leur sortie, le président du bureau d'Alger, le docteur Nawfel Chibane en informe les grévistes restés dehors, en usant de la dérision : “nous avons un super DSP. Alors que dans les autres wilayas, nos confrères ont été reçus par leur directeur, le nôtre est absent”. Dans la foulée, les praticiens de la santé ont réagi aux accusations du ministère les désignant comme responsables de l'échec de la campagne de vaccination contre la grippe A. “Nous voulons rappeler au ministre que nous sommes tenus par un code de déontologie et non par des administrateurs. Et s'il y a un manquement dans le travail du praticien, c'est au Conseil de l'ordre de trancher”. Il renchérit : “Le ministre est dépassé par les événements, c'est pour cela qu'il se cramponne à un dialogue de sourds.” Ainsi, s'agissant toujours de la vaccination, les protestataires renvoient la balle à la tutelle. “Un climat de méfiance s'est installé entre la tutelle et les citoyens. Le citoyen est le seul à décider d'accepter ou non d'être vacciné. Nous refusons d'assumer la déconfiture de la tutelle à ce sujet”, a indiqué le Dr Messaoud, président de la région Centre du SNPSP. Ainsi, et c'est le moins que l'on puisse dire, le feuilleton des déboires que connaît le secteur de la santé n'en finit pas depuis la crise du vaccin contre la grippe A/H1N1, qui s'est corsée depuis le décès du Dr L.R. à Sétif, suivie par la grève illimitée des spécialistes et praticiens. Pour preuve, le débrayage illimité, auquel ont appelé conjointement les syndicats des praticiens et des médecins spécialistes de la santé publique est à son quatrième jour et la mobilisation reste intacte, le taux de participation dépassant les 80% sur tout le territoire national, selon les deux syndicats. Selon le président du SNPSP, cette protestation est celle “de l'honneur plus qu'autre chose”. Les deux premiers responsables de ces deux structures affirment que le mouvement est très largement suivi et qu'ils sont satisfaits de l'adhésion à leur action. Selon Lyes Merabet, président du SNPSP, joint, hier, par téléphone: “Il y a un renforcement dans les rangs et cela est essentiellement dû au travail de collaboration entre les deux syndicats”. L'alliance des deux syndicats constitue en effet un atout supplémentaire en vue de faire pression sur les pouvoirs publics pour solutionner au plus vite les problèmes auxquels les contestataires sont confrontés. Notre interlocuteur a rappelé que les deux syndicats se battent pour “les mêmes revendications”, à savoir, le régime indemnitaire et le statut particulier. Par ailleurs, le président du SNPSP a assuré ne pas comprendre le mutisme de la tutelle face à la demande des professionnels d'une prise en charge de leurs doléances, tout en insistant que son syndicat revendique “le droit aux négociations”. Pour sa part, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le Dr Mohammed Youcefi, joint par téléphone, a lui aussi affiché une satisfaction quant au taux de participation à la protestation. Il estime que “le secteur de la santé n'est plus, depuis quelques années, la priorité de nos décideurs. Ces derniers croient qu'importer du matériel à coups de milliards et remettre en état les infrastructures suffit. Ils ont tort”. Le Dr Youcefi s'est insurgé des dernières déclarations du directeur des ressources humaines du ministère. “Les propos du DRH qui assure que le statut particulier promulgué est le même que celui que nous avons signé lors de la commission mixte installée à ce sujet sont infondés”, a-t-il démenti. À rappeler que les spécialistes et médecins grévistes assurent le service depuis le début de leur mouvement dont les suites seront connues ce 14 janvier, à l'issue des réunions des conseils nationaux des deux syndicats.