En dépit des graves préjudices sanitaires portés aux citoyens par ce débrayage, le ministère de la Santé demeure emmuré dans un mutisme indifférent Pour sa première journée, la grève enclenchée hier par le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a été largement suivie. Le mot d'ordre a été respecté, selon le président du syndicat, Lyes Merabet, à 87% sur l'ensemble du territoire national. « Cette action est un durcissement de la grève cyclique de trois jours que le SNPSP a entamée le 23 novembre dernier et qui a duré un mois. Face à l'indifférence des pouvoirs publics, le ministre de tutelle à leur tête, les assemblées générales locales puis le conseil national extraordinaire qui s'est réuni le 10 décembre, ont décidé de prolonger cette contestation, mais sous forme d'une grève ouverte et illimitée », explique M. Merabet. En dépit des graves préjudices sanitaires portés aux citoyens par ce débrayage, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière demeure emmuré dans un mutisme indifférent. Ce qui n'est pas sans affliger au plus haut point les grévistes. « L'attitude dans laquelle se confine Saïd Barkat, en plus d'être méprisante et négative, ne contribue nullement au règlement du conflit », commente le Dr Merabet. « Au lieu de prendre en charge nos revendications socioprofessionnelles en invitant les praticiens au débat et à relancer le dialogue, déplore-t-il, le ministre verse dans le populisme et le paternalisme. » « Pourtant, nous sommes avant tout des confrères », accuse-t-il. Pis encore, pour Lyes Merabet, le premier responsable du secteur sanitaire semble faire, à dessein ou par ignorance, dans la désinformation : « Il tente de provoquer de graves équivoques, puisque, s'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, M. Barkat, se voulant intimidant, parle, en abordant le dossier de la vaccination contre la grippe A(H1N1), de la culpabilité des praticiens grévistes et de leur irresponsabilité. » Force est de constater que le ministre n'a pas pris connaissance des consignes données par le bureau national aux adhérents et publiées dans le communiqué du SNPSP. « Nous avons décidé d'élargir le cadre du service minimum, qui auparavant n'incluait que les situations d'urgence médicalement établies, à la participation des praticiens grévistes aux campagnes de vaccination contre la grippe A(H1N1) », rassure le président du SNPSP, ajoutant toutefois : « Du moins lorsqu'elles commenceront, ce qui ne semble pas être demain la veille. » Cette grève risque de perdurer, puisque, même si le Dr Merabet ne peut pas « déterminer sa durée », elle ne prendra fin « qu'une fois que les responsables du ministère accepteront de donner une suite favorable à la plateforme de revendications du SNPSP ». « Nous nous battons pour la promulgation du statut particulier dans sa forme négociée et ratifiée en commission mixte, la mise en place d'une commission mixte pour le régime indemnitaire ainsi que l'application du décret exécutif n°09-244 du 22 juillet 2009 déterminant l'aménagement et la répartition des horaires de travail à l'intérieur de la semaine dans le secteur de la Fonction publique. De même, nous demandons l'élargissement, au profit du praticien généraliste, du droit à la procédure de cessibilité pour le logement de fonction, à l'instar des autres corps de la Fonction publique », rappelle le président du SNPSP. Et de conclure : « Nous exigeons la levée de toutes les situations d'entrave au libre exercice du droit syndical. »