Le verdict tant attendu de la plainte déposée par la direction générale d'ArcelorMittal a été rendu hier en fin de journée par le tribunal d'El-Hadjar. Ainsi, la justice s'est finalement prononcée pour la suspension du mouvement de grève entamé par les employés du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. L'on apprend, d'un autre côté, après ce verdict, qu'une résolution portant réhabilitation de la coquerie d'El-Hadjar a été adoptée hier par le conseil d'administration d'ArcelorMittal. Selon des sources proches de la direction de la Centrale syndicale, le conflit a donc trouvé son dénouement et la grève devrait prendre fin. Les salariés d'ArcelorMittal, en grève depuis le 12 janvier dernier pour réclamer la réhabilitation de la cokerie du complexe sidérurgique, bloquaient encore, hier, dès le début de matinée, les entrées du site en attendant la décision de la justice saisie par la direction générale au motif de grève illégale. Une journée exceptionnelle que celle d'hier pour tous les travailleurs parce que leurs regards étaient aussi braqués du côté de la capitale où se tenait la réunion extraordinaire du conseil d'administration d'ArcelorMittal avec à son ordre du jour “le piquet de grève est toujours là, particulièrement devant le siège de la direction et les locaux du syndicat”. “Les gens peuvent entrer à pied, mais pas de véhicules”, explique Smaïn Kouadria. Le secrétaire général, qui assure avoir pratiquement passé toutes ses nuits et ses journées sur les lieux depuis le premier jour de débrayage, avoue qu'il est physiquement épuisé mais qu'il est encore d'attaque pour une troisième, voire une quatrième semaine de combat. “Nous l'avons dit et répété, notre mouvement de protestation est tout ce qu'il y a de plus légal. Notre lutte pour la préservation de l'outil de travail est d'autant légitime qu'il nous a valu le soutien de pratiquement tous les travailleurs des secteurs public et privé.” Il fait état du soutien de la Fédération nationale des travailleurs de la métallurgie, de la mécanique, de l'électricité et de l'électronique (FNTMMEE) à l'action des travailleurs d'ArcelorMittal, qui, lors de sa dernière réunion, a inscrit à son ordre du jour la situation du complexe d'El-Hadjar. M. Kouadria se félicitera de l'appui de la Centrale syndicale UGTA dans sa démarche, en notant avec fierté la présence à l'assemblée générale de lundi d'un représentant personnel d'Abdelmadjid Sidi-Saïd et soulignera au passage le témoignage de solidarité agissante exprimée récemment par le syndicat des métallos du Québec à l'intention des travailleurs d'El-Hadjar en grève. La direction générale d'ArcelorMittal ainsi que la direction d'ArcelorMittal pipes and tubes – une unité spécialisée dans la tuberie sans soudure – avaient assigné en référé, dimanche matin, M. Kouadria et les membres du syndicat d'entreprise devant le tribunal d'instance d'El-Hadjar pour suspendre cette grève qu'elle juge “illégale”. “Nous avons maintenu le piquet de grève aussi longtemps car la direction générale du site a décidé de rompre les négociations, notamment en rejetant jusqu'à l'idée de réhabiliter la cokerie à l'arrêt depuis trois mois maintenant, prétextant que cette unité n'est pas indispensable à la marche du complexe”, a expliqué M. Kouadria qui affirme que l'ensemble des 7 200 salariés d'ArcelorMittal Algérie, y compris ceux des points de vente de l'entreprise, est en grève à l'appel du syndicat UGTA. Selon la direction générale d'ArcelorMittal, qui se disait jusque-là “ouverte au dialogue”, la communication a été rompue avec les représentants des travailleurs à partir du premier jour de grève et il n'était attendu une autre décision que celle de la justice. La direction avait proposé un plan d'investissement d'un montant de 200 millions de dollars pour la période 2010-2014, mais n'incluant pas la rénovation de l'unité cokerie qui est estimée à 40 millions de dollars. De son côté, M. Belgacemi Amar, le P-DG du groupe public Sider, actionnaire à hauteur de 30% dans l'entreprise ArcelorMittal, a annoncé la décision, ce mardi, des pouvoirs publics de participer à hauteur de 30% au plan d'investissement du complexe et ainsi permettre la rénovation de la cokerie et la préservation des emplois des 320 salariés de cette unité.