C'est scandaleux qu'un premier ministre fasse de telles déclarations”, ont pesté hier, les deux présidents des syndicats des praticiens (SNPSP) et praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), en réaction aux déclarations faites par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, mercredi dernier, lors du sommet de l'Alliance présidentielle. Durant le point de presse hebdomadaire tenu au siège de l'Unpef, les deux syndicats ont commenté en long et en large les propos de M. Ouyahia. “Je demande au premier ministre d'arrêter un instant d'insulter l'élite et l'avenir de ce pays. De plus, je m'interroge s'il vit dans le même pays que nous. Ses déclarations sont en porte-à-faux de ce qui se passe chez nous”, a commenté le Dr Youcefi, président du SNPSSP. Les syndicalistes estiment “infondées” les déclarations du Premier ministre, elles sont dues, selon eux, à “un manque d'information” et à de “faux rapports rédigés par son entourage”. “Si M. Ouyahia s'est donné la peine de nous recevoir, lui ou quelqu'un de son parti, il n'aurait jamais fait de telles déclarations. Nos revendications n'ont rien à voir avec les augmentations.” Ils poursuivent : “depuis quand nous avons demandé de faire passer le SNMG à 30 000 DA ? Là, est la preuve irréfutable que le premier ministre est out.” Les deux responsables syndicaux récusent l'idée de leur manipulation. “Comment le Premier ministre ose parler de manipulation politique du moment que nous avons été reçus pas des représentants des partis appartenant à l'Alliance présidentielle, à savoir, le FLN et MSP, qui ont par la même occasion légitimé notre combat. Si ses propres amis font dans la manipulation, c'est grave”, se sont exclamés les syndicalistes. Les deux responsables syndicaux estiment que les praticiens ne demandent que les droits que leur octroie la fonction publique. “Les scandales de corruption et autres problèmes que connaît le pays semblent moins inquiéter le Premier ministre que les praticiens qui revendiquent leurs droits”, ont fait observer les syndicalistes. “Avec ces déclarations, le premier ministre est en train de jeter de l'huile sur le feu. S'il trouve que nous sommes aussi imbéciles que cela, il n'a qu'à nous manipuler et résoudre nos problèmes. Le plus important pour nous est de voir le bout du tunnel”, a clamé le Dr Lyès Merabet, président du SNPSP. Parallèlement, les syndicalistes ont expliqué les raisons qu'ils les ont poussés à refuser de répondre à l'invitation – prévue pour hier – du ministère de la santé. “Nous sommes en grève depuis plus de deux mois. C'est seulement quand nous tenons un sit-in ou une conférence de presse que la tutelle se rappelle de notre numéro de fax. Le ministère de la Santé sait qu'en dehors des réunions de réconciliation, nous refusons tout contact avec la tutelle”, a précisé le Dr Merabet. Concernant la grève ouverte, les deux porte-parole des grévistes ont annoncé que la grogne continuera dans sa forme actuelle et que le sit-in de mercredi 10 février devant le ministère de la santé est maintenu. Revenant sur leur action du mercredi dernier, les deux syndicalistes ont condamné l'attitude du gouvernement et les moyens mis par ce dernier pour “réprimer une marche pacifique”.