Pari gagné pour les organisateurs du Maghreb des Livres à Paris qui a connu cette année un franc succès, notamment à travers les conférences de qualité organisées. Ce fut la grande rencontre des écrivains avec le public, très nombreux et avide de découvrir la production littéraire maghrébine. La littérature algérienne était à l'honneur, samedi et dimanche derniers, à la Cité nationale de l'immigration à Paris, lors du 16e Salon du Maghreb des livres organisé par l'association Coup de soleil. Selon les organisateurs, près de 4 000 personnes, des avertis ou des curieux, sont venues à la rencontre de la culture maghrébine. Les amateurs de lecture avaient quoi feuilleter. Un grand espace accueillait des centaines d'ouvrages parmi lesquels des livres d'auteurs algériens, comme Maïssa Bey ou Habib Ayyoub, mais aussi des écrivains venus du Maroc, de la Tunisie et du Canada, des œuvres sur l'histoire d'un Maghreb passé comme Guelma 1945, de Jean-Pierre Peyroulou, ou sur celle d'un Maghreb plus récent, sur Leila Trabelsi, la première dame de Tunisie, la Régente de Carthage, de Nicolas Beau et Catherine Graciet, livre que l'intéressée a essayé d'interdire en France. L'évènement a accueilli une centaine d'auteurs parmi lesquels l'historien Benjamin Stora venu dédicacer le Mystère de Gaulle, son choix pour l'Algérie. Des tables rondes étaient organisées sur différents thèmes allant de l'apport des écrivains maghrébins, à la littérature française jusqu'à la littérature d'après les “années noires”. Les visiteurs pouvaient également assister à la projection de films, comme le documentaire hommage à Kateb Yacine de Kamel Dehane qui a eu un franc succès, ou encore celui d'Albert Camus, la tragédie du bonheur, réalisé par Jean Daniel et Joel Calmettes. Les visiteurs ont pu assister et prendre part à des cafés littéraires — à guichets fermés — traitant de divers sujets allant de “Vos papiers” qui abordait la question des sans-papiers en France à un café sur l'Islam dont l'un des intervenants était Paul Balta, le grand spécialiste de l'Algérie. Cette rencontre a tourné au procès contre l'Islam et on pouvait entendre moult préjugés sur le Maghreb et sur la religion qui y dominait. L'intolérance et l'ignorance font des ravages et ceux qui parlent d'un pays qu'ils ne connaissent pas, qu'ils en soient originaires ou non, aussi. Au sortir de cette discussion, l'anthropologue Dounia Bouzar revenait sur ce moment : “Je regrette que l'Islam soit essentialisé et décrit comme s'il était par essence archaïque. Je déplore aussi l'amalgame fait entre Islam et islamisme.” Certaines personnes ont aussi pu assister à la remise du prix Beur FM décerné à l'écrivain franco-algérien Ahmed Kalouaz pour Avec tes mains, récit du destin du père de l'auteur, immigré dans les années 1950 et réflexion sur l'exil, l'immigration et sur la crise dans les cités françaises. À l'issue de la rencontre, les éditeurs et les organisateurs se disaient satisfaits, car l'objectif de mise en valeur de la production maghrébine était réussi : le public repartait si ce n'est avec des livres et des auteurs dans la poche, des images et les voix de ceux-ci à foison.