Le prix du blé dur sur le marché mondial a chuté. Il est cédé à 1 924,10 DA le quintal, cependant l'OAIC vend le blé algérien, dont les prix sont soutenus aux Eriad à pas moins de 2 285 DA. Désavantagés, les postes d'emploi au sein des Eriad sont menacés et le scénario de la SNVI risque de se répéter. Plus de 4 000 travailleurs exerçant au sein des Eriad sont menacés. Ces entités économiques commencent mal l'exercice 2010. Et la situation est catastrophique. En effet, au moment où elles renaissent de leurs cendres et où les cadres et travailleurs s'attendaient à une restructuration des entreprises étatiques qui ont joui, durant les deux derniers exercices, d'une aisance financière au point où les travailleurs ont touché des primes et reçu des bénéfices, et ce, après plusieurs années de vaches maigres et de mauvais résultats dont la cause principale était la concurrence déloyale des minoteries privées, beaucoup plus avantagées par l'Etat en matière de fiscalité et de facilitations douanières, voilà que la réalité du marché international du blé vient assombrir les horizons. Selon nos sources, les règles du jeu n'ont pas été respectées par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Une convention entre l'OAIC et les Eriad stipule que l'approvisionnement des Eriad et Smid de Constantine en blé dur, matière essentielle pour faire tourner les minoteries, se fait selon les pourcentages retenus à raison de 70% de blé dur d'importation et 30% de la production nationale. Cependant, les responsables des Eriad disent, qu'actuellement, l'approvisionnement se fait à hauteur de 100 % de la production nationale dont la qualité n'est pas aussi bonne que celle du blé importé et les prix sont beaucoup plus élevés. Au même moment, les minoteries privées profitent de la chute des prix du blé dans le marché mondial. Cette dernière a été causée par l'augmentation des prévisions concernant la production mondiale de blé et les facteurs techniques qui influencent les cours, à savoir les tarifs de fret maritime qui sont restés stables. Depuis la fin de l'année 2009, cette baisse des prix a lésé les minoteries publiques par rapport à leurs “concurrents” qui profitent de la baisse des prix en important à outrance et dont les moulins tournent à pleine capacité. “Les opérateurs privés payent moins cher le blé de meilleure qualité, ils payent après la vente de leur marchandise. Cependant, le secteur public nous achète auprès des OAIC un blé de moindre qualité caractérisé par un faible rendement et un fort pourcentage de déchets, plus cher, et nous sommes obligés de payer par décade. Peut-on parler de concurrence dans ces conditions ? Automatiquement, ils vendent moins cher que nous. C'est comme si pour deux personnes qui ont les mêmes performances dans la conduite, vous donnez à l'une une Renault 4 et à l'autre une BMW et vous leur demandez de faire la course”, commente un cadre d'une unité d'Eriad. Il faut ajouter les problèmes que connaissent les Eriad avec les OAIC qui ne payent pas leurs créances cumulées, estimées à 300 millions de dinars par groupe, et ce, en dépit d'une résolution du CPE n° 93 en date du 12 mars 2009. L'OAIC n'a remboursé ni les frais de transport ni la location de silos auprès des Eriad. Pour régler ces problèmes et aligner le secteur public sur celui du privé, les observateurs estiment que le premier doit être considéré comme un régulateur du marché national. Les mêmes observateurs ajoutent qu'en premier lieu, l'OAIC devra revoir ses prix en fonction des cours appliqués au marché mondial et ensuite honorer ses créances.