Il faut le reconnaître, le problème réside dans la gestion rigide de l'Oaic face à des opérateurs privés hormis les Eriad. «Il n'est pas question de jeter ce blé à la mer», a rassuré Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) à l'issue d'une réunion tenue dans l'urgence avec les meuniers et les transformateurs de céréales d'un côté et l'Oaic de l'autre, jeudi dernier, à l'initiative du ministre de l'Agriculture Rachid Benaïssa. Dans l'urgence, car l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) voit son stock de blé dur, estimé à près de 6 millions de quintaux, menacé de mévente alors qu'il lui faut impérativement libérer les silos pour être en mesure d'accueillir la prochaine récolte qui s'annonce aussi généreuse que celle de l'année passée, voire plus. Les raisons de cette mévente sont de trois sortes au moins. La première est liée à la chute du cours des céréales sur les marchés internationaux. L'Oaic n'ayant pas mis dans ses prévisions managériales les fluctuations des prix, a vu ses clients traditionnels s'orienter vers le blé importé dont les prix ont chuté et de surcroît, de meilleure qualité. Il y a plusieurs causes à cette qualité de la production nationale par rapport à celle de l'importation. Mais celle qui ne peut se justifier est la livraison du blé de l'Oaic sans nettoyage préalable pour le débarrasser de ses impuretés. Au prix et à la qualité, s'ajoute l'imposition de quotas par l'Oaic. Si ces quotas avaient une raison d'être à l'époque où la production nationale était au plus bas, il aurait fallu revoir la mesure dès que les stocks ont repris des «couleurs». Comment voulez-vous qu'un client, manager qui plus est, choisisse d'aller vers un fournisseur qui vend plus cher, à qualité moindre et qui ampute de 50 à 30% les besoins qu'il exprime? Le problème, il faut avoir le courage de le reconnaître, est dans la gestion rigide de l'Oaic face à des opérateurs principalement privés hormis les Eriad. Une gestion tellement bureaucratique qu'il aura fallu l'intervention du ministre pour que l'Oaic reprenne sa mission initiale de véritable office interprofessionnel et «réintègre» tous les acteurs de la filière céréales. «Ainsi, s'est réjoui Rachid Benaïssa, les différents acteurs (publics et privés) travailleront pour l'amélioration de la production nationale.» Il y a une quatrième raison, voire contrainte le diktat du ministère du Commerce qui a suspendu toutes les exportations, sans exception, de produits céréaliers transformés. Avec pour seul argument, la subvention du blé par l'Etat. Or, il y a des transformateurs qui exportent leurs produits à base de blé qu'ils importent eux-mêmes. Alors, quand une accumulation de décisions plus administratives que gestionnaires entre un Office et un ministère viennent s'abattre sur un secteur, le résultat est là. C'est pourquoi d'ailleurs, le ministre de l'Agriculture, et non celui du Commerce, a présidé la réunion interprofessionnelle. Ce choix (du Premier ministre) est clair. Voilà Benaïssa «au four et au moulin», victime des réussites de son département. Djaâboub l'a tellement mal pris qu'il a boudé cette réunion. C'est dire les susceptibilités à ce niveau de responsabilité alors que le commun des mortels pourrait penser que seul l'intérêt du pays prime. C'est dire aussi, qu'à ce même niveau, il y en a qui n'hésitent pas à enfoncer leur collègue. Illustration: «Les prix de la sardine relèvent du secteur du commerce», s'est écrié, la semaine dernière, comme pour se dédouaner, le ministre de la Pêche qui est pourtant de la même famille politique que Djaâboub. Sauvons d'abord le blé. Pour la sardine, il faudra trouver un autre Benaïssa. Au sortir de la réunion de jeudi dernier, meuniers, transformateurs et dirigeants de l'Oaic ainsi que ceux des Eriad étaient tous optimistes. Les travaux du comité interprofessionnel doivent démarrer dans les tout prochains jours pour apporter des réponses concrètes aux orientations adoptées lors de la réunion de jeudi avec le ministre.