Les usagers du rail n'en croyaient pas leurs oreilles en apprenant, lundi dernier, à la gare d'El-Affroun, le renforcement des fréquences des trains avec un nombre de départs et d'arrivées auquel ils étaient loin de s'attendre. En effet, pas moins de 24 trains (entre les automotrices, les trains Diesel et rapides) relient, désormais, chaque jour, El-Affroun à Alger, ce qui se traduit, en moyenne, par un départ toutes les 30 mn. Plus, dans certains cas : entre 6h20 et 7h25, par exemple, il y a quatre départs pour Alger. Il faut savoir que, l'été dernier, il fallait attendre quatre heures (entre 10h05 et 14h), sinon plus — du fait des retards fréquents — avant qu'un train à destination d'Alger n'arrive. La seconde excellente nouvelle pour les voyageurs est que, depuis lundi dernier, le train Express Diesel, qui assurait la liaison Alger-Blida, poursuit le parcours jusqu'à El-Affroun. Ce jour-là, à la descente de ce train, deux jeunes fonctionnaires affichaient un air triomphal, voire heureux : “C'est formidable ! C'est formidable ! On est arrivé à El-Affroun au bout de 50 mn !” Ce qui ne pouvait, effectivement, que surprendre agréablement du fait que le trajet Alger-El Affroun, en train, a toujours été de 90 mn (voire plus), sauf dans le cas des rapides Alger-Oran. L'Express étant un train relativement rapide, les 50 mn s'expliquent, en outre, par l'absence d'arrêt aux gares de moindre importance. En effet, ce train marque un arrêt uniquement aux gares d'El-Harrach, Boufarik, Beni-Mered et Blida avant, désormais, le terminus, El-Affroun. Depuis mercredi dernier, soit deux jours plus tard, deux stations ont été ajoutées aux arrêts (Hussein Dey et Gué de Constantine), du fait de la forte demande pour ces destinations. Toujours dans le cadre des nouveaux réaménagements du transport ferroviaire répondant aux doléances des usagers du train, le rapide 1001 Alger-Oran a repris son arrêt à la station d'El-Affroun. Ce qui ne peut qu'apporter un grand soulagement aux usagers du train des trois wilayas (Tipasa, Aïn Defla, Blida) qui ont pâti, ces dernières années, de la suppression de cet arrêt. Les voyageurs de Bou Medfaâ, Oued-Djer, El-Affroun, Hadjout, Tipasa, Cherchell… et à destination des wilayas de l'Ouest devaient, à cet effet, se rendre à la gare de Blida pour prendre le train. Par ailleurs, pour ceux qui désirent, aujourd'hui, être à Alger à 7h, un train électrique a été prévu à 5h50. Ces réaménagements auront, aussi, pour conséquence un confort supplémentaire, notamment pour les premiers trains du matin (communément appelés “trains des travailleurs” empruntés aussi par les étudiants), qui étaient toujours bondés ; la plupart des voyageurs faisaient, alors, le trajet debout jusqu'à Alger. Cette profusion subite de trains avec la mise sur rail de plusieurs rames électriques – dont un avant-goût très apprécié (du fait du confort qu'elles procurent) avait été donné ces derniers mois – est vécue par les usagers du train comme une embellie augurant d'une ère nouvelle. Cette reprise en force de l'activité ferroviaire, en léthargie depuis près de 20 ans, devrait avoir pour conséquence de reconquérir les clients déçus par le manque de trains, leur inconfort, leur vétusté (il est arrivé que les passagers ouvrent un parapluie, au cours du voyage, du fait d'infiltrations d'eau de pluie), leur saleté et les retards “réguliers” auxquels ils étaient soumis. Le confort, la sécurité, la rapidité et la ponctualité qui sont de mise, aujourd'hui, devraient réconcilier une bonne partie de la population avec le rail. D'aucuns songent déjà à abandonner leur véhicule au profit du train. Et, des pères de famille qui comptent emmener leurs enfants à Alger, durant les vacances de printemps projettent de leur faire découvrir les nouvelles rames : “ça les changera de la voiture. Et nous, ça nous reposera”, disait un quidam à son voisin de siège qui rappelait que ce transport en commun était très prisé, jusqu'à la fin des années 1980, par les familles. Il semble que la SNTF ait mis le “paquet” pour répondre à l'attente des voyageurs par un plan radical de redressement de la situation. Cette démarche commerciale, avant tout, et citoyenne, rassure le voyageur qui ne pouvait s'empêcher, ces dernières années, de comparer le transport ferroviaire d'Europe, mais encore celui de nos voisins, au nôtre… Aujourd'hui, il n'a, assurément, rien à leur envier. Si seulement les voyageurs maintenaient un minimum de sens du civisme pour préserver et faire durer ce bien public… Un bémol : si le train électrique réunit les conditions de bien-être du voyageur, il demeure cher : 100 DA pour un aller simple El-Affroun-Alger ; ce qui reviendrait, pour les ouvriers et les étudiants qui font, chaque jour, la navette, à débourser 200 DA quotidiennement. Le problème est que, pour l'heure, il n'y a pas d'abonnement pour ces trains “luxueux” qui font le bonheur des voyageurs.