Il existe un problème chez nous. Exclusivement, chez nous. Un problème purement algérien. Made in Algeria ! Dans ce beau pays de l'Emir Abdelkader, de Kateb Yacine et d'un million et demi de chouhada, pourquoi les “écrivains stars” n'aiment-ils pas venir en Algérie ? Ne veulent-ils pas retourner dans leur pays ? Dans d'autres pays, chez nos voisins, ceux de l'est comme ceux de l'ouest, leurs écrivains renommés aiment leur pays. Adorent retourner sur le sol de l'enfance, des ancêtres ou de l'imaginaire. Même s'ils ont vécu la souffrance, la pauvreté et le malaise. Même s'ils ont fait, à un certain temps, de la prison à cause de leurs écrits, de leurs idées politiques ou culturelles. Même s'ils ont participé à des partis ou des mouvements de l'opposition politique, de gauche ou de droite, les écrivains de nos pays voisins aiment leur patrie. Et, à chaque occasion, ils retournent sur le sol natal. Ces écrivains, à chaque retour, se ressourcent en parlant aux petites gens des douars ou des villes. Je suis jaloux ! Pourquoi les écrivains “stars algériens” installés à l'étranger n'aiment-ils pas retourner dans leurs pays, rencontrer leur lectorat ? Cette question amère et dérangeante m'a violemment traversé l'esprit, en assistant à une table ronde organisée en hommage à l'écrivain militant marocain, Abdellatif Laâbi, lauréat du prix Goncourt de la poésie 2009, et ce, à l'occasion de la 16e édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca. Et ce Abdellatif Laâbi, pour rappeler à ceux qui ne le connaissent pas, fut arrêté en 1972 par le pouvoir du Makhzen royal et condamné à dix ans de prison. Libéré en 1980, il quitte le Maroc pour s'installer en France. Bien que le régime marocain n'ait pas changé. Le système répressif du Makhzen est toujours là, Abdellatif Laâbi n'a pas boycotté son pays, son lectorat. L'histoire est plus grande que les personnes. Un pays ne se résume pas dans les traits d'un pouvoir. Le pays est un mythe réel. Le pays est un rêve qu'on cultive tous les jours, toutes les saisons. Et je suis jaloux. Et je suis triste A. Z. [email protected]