“Ainsi donc tu veux connaître ce que cache l'autre versant. C'est ta mère qui m'en a parlé. Toi tu n'as jamais rien dit. Tu n'as pas osé, m'a-t-elle dit. Il paraît que tu meurs d'envie de savoir autre chose de moi que mes écrits ont pu te révéler. Tu crois que j'ai gardé le meilleur pour moi…” (page 7). Ces avec ces propos que l'auteur Laïfa Aït Boudaoud entame son roman. Une manière de planter le décor et de préparer le lecteur à ce qu'il va lire. Un avant-goût. Enseignant, inspecteur d'éducation et de formation, il a aussi occupé plusieurs fonctions supérieures au sein des ministères de l'Education et de la Formation. Jour après jour, un grand-père raconte à son petit-fils de mère étrangère sa vie. Pas celle que son entourage connaît. Il lui raconte la face cachée, c'est-à-dire l'autre versant de sa vie. 279 pages, tout au long desquelles ce grand-père revient sur des pans de sa vie, les moments forts qui l'ont marqué et dont il n'a jamais parlé. Comme mentionné en page 7, “il dira que tout un chacun a ses zones d'ombre”. Tout d'abord, il commence par situer le contexte. C'est-à-dire à situer son histoire dans le temps et surtout à partir de quel moment il va enclencher la machine souvenirs. Il n'abordera pas son quotidien, car déjà connu par ce petit-fils curieux de connaître en profondeur ce papy énigmatique. Ce dernier commence par le commencement. Son enfance. Même si au départ, il affirme que parler de soi n'est pas chose aisée, car on ouvre son âme et le masque protecteur tombe. C'est la mise à nu. Il parler de son enfance en Kabylie, dans ce village perché sur la montagne ; vivant dans une famille où la mère, dépressive, finit par mettre fin à ses jours en se pendant. Car jamais remise du décès d'un de ses enfants. C'est à partir de là que tout bascule pour ce grand-père. Sa vie n'est plus la même. Ses nuits son peuplées de cauchemars. Adolescent, il fugue, suite au décès de sa grand-mère. Le vide se crée autour de lui. Il part avec un Targui. Il se retrouve dans le Sud, dans une famille de nomades. Il arrive quand même à poursuivre ses études. Il y rencontre Anya, la princesse, la belle descendante de Tin Hinan, il succombe à son charme, elle aussi. Ils finissent par s'unir. Il parlera de sa vie professionnelle. Il travaillera comme journaliste. Un métier qu'il exercera sans grande conviction. Tout au long du livre, le lecteur découvrira un personnage gorgé de rêves, d'envie d'aller le plus loin possible. Un personnage très sensible, avec beaucoup d'émotion. Mais à travers sa vie, c'est l'Algérie qui est racontée, dans tous ses moments, dans ses tourments et ses joies. Un roman entre autobiographie et fiction. L'Autre versant (ouvrage publié avec le soutien du ministère de la Culture), Laïfa Aït Boudaoud, Casbah éditions, Alger 2009, 300 D. A.